Comprendre les chemins de la délinquance. Réflexions sur les causes du phénomène criminel
BEDOU Jean-Pierre, Ed. Chronique Sociale, 2015, 150 p.
La délinquance existe depuis toujours, parce que toute règle de vie enclenche le cycle de violation de cette règle, prévient d'emblée Jean-Pierre Bedou qui ne prétend pas écrire un ouvrage scientifique proposant une solution éradicatrice de la criminalité. Plus modestement, mais efficacement, il propose un état des lieux des réponses émises par les spécialistes. Il commence par écarter les explications ancestrales renvoyant au péché, à la trahison ou à la manifestation du diable. Reprenant les nombreuses recherches menées, il répartit les grilles d'interprétation en deux grandes familles. Celle qui se centre sur les causes endogènes d'abord et celle qui privilégie les facteurs exogènes, ensuite. Parmi les premières, on trouve les caractéristiques physiologiques du tempérament, des tares, des maladies et de l'hérédité (chromosome du crime). Il y a aussi l'influence de l'âge : plus il est jeune, plus l'individu est réactif. Autre caractéristique, l'altération de la personnalité, quand celle-ci est marquée par la faible maîtrise du contrôle de soi, l'impulsivité, l'insensibilité à autrui, le présentisme, la domination du non verbal, la recherche de sensations ou du risque etc... Parmi les facteurs exogènes étudiés, on peut citer : l'influence du climat, des saisons ou de la géographie, les effets des inégalités et de l'origine sociale, le poids des moeurs ou de la religion, la densité de la population, le développement économique (moins de criminalité dans les pays pauvres), le type urbain ou rural de l'environnement, le degré de contrôle social, le rôle des stéréotypes (les hommes étant réputés plus violents que les femmes). Et puis, il y a les approches qui combinent les explications liées à l'individu et à l'environnement. Au final, le multifactoriel doit effectivement être préféré à l'uni factoriel.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1193 ■ 13/10/2016