Adolescents homosexuels. Des préjugés à l’acceptation

THORENS-GAUD Elisabeth, éditions Favre, 2009, 183 p.

A n’en pas douter, l’acceptation de l’homosexualité a progressé depuis quelques décennies. Pour autant, il reste encore du chemin à parcourir. A preuve, des situations que la majorité de la population est encore bien en peine d’accepter : tels deux hommes se promenant en se tenant par la main ou un enseignant programmant une séance de prévention contre l’homophobie. Réussir à banaliser l’homosexualité permettrait d’abord de progresser dans la lutte contre les discriminations. Si les préjugés basés sur l’origine ethnique sont de moins en moins tolérés, ceux liés à l’orientation sexuelle sont bien loin d’avoir autant régressé. Mais, il s’agit là aussi d’un enjeu de santé publique : les jeunes homosexuels ont 8,4 fois plus de risques de commettre une tentative de suicide, 3,4 plus de subir dépression sévère et 3,4 plus de consommer de la drogue que leurs pairs hétérosexuels. Rien de vraiment étonnant : la crise identitaire que l’on peut connaître entre 13 et 17 ans peut être décuplée par les doutes que l’on ressent quand on est attiré par les personnes de même genre et que l’on doit s’affronter à un entourage au mieux dubitatif, au pire hostile. L’ouvrage que nous propose Elisabeth Thorens-Gaud constitue un précieux outil. Le premier conseil consiste à nous interroger sur le schéma hétérosexiste qui domine notre discours quotidien, comme si la relation amoureuse homme/femme était la seule valable. La seconde proposition concerne ces plaisanteries, injures et réflexions que l’on tolère trop souvent quand elles sont homophobes, alors qu’on les reprend à juste raison, quand elles sont racistes. La troisième piste propose de sortir du tabou qui enferme cette question, au prétexte qu’en en parlant auprès d’un jeune public, il y aurait un risque de prosélytisme. Ces comportements nous concernent tous et en les modifiant, nous pouvons contribuer à faire évoluer la perception sur l’homosexualité. Mais, c’est du côté des familles qui sont encore trop peu nombreuses à accepter sereinement l’orientation de leur enfant que l’auteur s’adresse tout particulièrement. Elle compare leur réaction aux mécanismes du deuil. Chacun parent suit le cheminement qu’elle identifie ou s’arrête à une étape : les signes annonciateurs que l’on ne veut pas toujours reconnaître ; l’annonce que l’on reçoit comme un choc ; le repli sur soi mélange de sentiments mêlés de colère, de culpabilité, de honte, de tristesse, de rejet ; la confrontation au regard des autres ; l’acceptation ; l’officialisation auprès de son entourage familial et amical ; et parfois l’engagement dans la cause gay. Au final, on ne le répétera jamais ni assez souvent, ni assez fort : ce n’est pas l’homosexualité qui pose problème, mais l’homophobie.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°974 ■ 27/05/2010