Sur le fil de l’Asile
BRICE Pascale, Éd. Fayard, 2019, 271 p.
L’accueil des réfugiés est inscrit tant dans la constitution que dans les engagements européens et internationaux de la France. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a été créé en 1952, à la suite de la ratification de la Convention de Genève. Son rôle est de gérer les demandes déposées au titre des persécutions subies dans les pays d’origine. Pascale Brice, nommé à sa tête en 2013, déploie pendant les six années de son mandat un dynamisme peu commun. Il est vrai qu’on ne peut sans doute pas avoir eu une grand-mère ayant dû fuir l’Allemagne nazie, sans ressentir au fond de soi une profonde humanité à l’égard des réfugiés. Prenant à bras le corps la mission qui lui a été confiée, le nouveau directeur va s’attacher à appliquer « le droit d’asile, rien que le droit d’asile, mais tout le droit d’asile ». Il n’est pas de ces technocrates confinés dans leur bureau. Il sillonne Calais, Lambedusa, Lesbos, à la rencontre des groupes susceptibles de bénéficier de la protection du statut de réfugiés. Il est témoin de l’indignité des campements qu’il arpente. Impressionnante, cette scène où il fait face à 300 jeunes hommes fatigués mais dignes. Il commence par s’asseoir, avant de leur expliquer les conditions et limites du droit d’asile. Lorsque la politique d’immigration s’est durcie, à compter des années 1970, le recours à l’OFPRA a commencé à se diluer dans la migration économique. Les demandes sont passées de 60 000 en 2012 à 120 000 en 2018. Pascale Brice mobilise son personnel, multipliant les assemblées générales et groupes de travail pour trouver ensemble les meilleures modalités de réorganisation. Il réorganise son administration en doublant le nombre de ses agents et fait passer de 9 à 30 % le taux d’admission. En 2019, il n’a pas été renouvelé à son poste. Ça vous étonne ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1271 ■ 14/04/2020