Fauchés. Vivre et mourir pauvres
McGARVEY Darren, Éd. Autrement, 2019, 334 p.
Avant de devenir un rappeur écossais très médiatique, Darren McGarvey a eu une existence marquée par la violence et la pauvreté. Rendant hommage au foyer et à la psychologue qui l’ont aidé à s’en sortir, il dénonce tout autant la misère comme source permanente d’un stress qui ronge chaque aspect de la vie, que la victimisation qui empêche de prendre sa destinée en main. Habiter dans des logements humides aux fenêtres ne résistant pas aux bourrasques. Vivre avec cet état d’hypervigilance dans des quartiers à risque, même s’il n’y aucune raison de l’être. Apprendre, au fil du temps, à dissimuler les pans de sa personnalité susceptibles d’être perçus comme autant de points faibles vous désignant comme une cible de choix. Avoir pour mère, une personne dépensant jusqu’à la dernière pièce pour consommer tout ce qui se fume, s’injecte ou s’avale. Décrypter les mimiques et le langage de l’adulte qui va vous battre, pour prévenir la menace. C’est donc en connaissance de cause, qu’il parle du gouffre entre les programmes sociaux et la réalité de terrain ; des politiques destinées à stimuler les sans-emploi, alors qu’elles ne font que les humilier ; de la drogue comme seul moyen de gommer la souffrance ; de la haine contre ceux qui sont épargnés de toutes ces entraves ; du poids des déterminismes... Si l’écriture de ce livre a été cathartique pour l’auteur, elle éclaire une réalité crue celui qui le lit.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1292 ■ 30/03/2021