Je suis un zèbre

TIANA, Ed. Payot, 2015, 175 p.

Elle pourrait souffrir d’un handicap. Elle vit avec un profil tout aussi particulier : elle est surdouée. Alors qu’adolescente, elle n’aspirait qu’à une chose, être comme tout le monde, elle se découvre dotée d’une acuité d’esprit et d’une inextinguible soif d’apprendre et de savoir, d’une hypersensibilité émotionnelle et d’une grande capacité d’empathie qui la font se sentir « différente », à la manière de ces zèbres dont les rayures le distinguent des autres et qu’il est impossible d’apprivoiser. Voilà le récit de Tiana qui voulait tant ressembler aux autres jeunes de sa génération et qui ne sut comment se défendre du harcèlement subi, des moqueries vécues et des vagues d’angoisse venues du plus profond d’elle-même et qui la submergent. Scarifications, crises d’hyperventilation, saignements de nez, envie de mutilation finissent par inquiéter ceux qui ne croient bientôt plus à de la simple simulation. Confrontée à des armées de psychologues affirmant, animées d’une certitude hautaine, qu’elle allait très bien, elle accueille avec soulagement ce psychiatre qui identifie enfin à travers ses symptômes une authentique détresse psychique. Hospitalisé en psychiatrie, l’adolescente découvre un endroit où d’autres ont aussi souffert. C’est d’abord pour une schizophrénie qu’on tente de la traiter, avant que le diagnostic ne tombe enfin : elle est une enfant précoce. Vient alors la bonne orientation, loin des traitements médicamenteux et des jugements de valeur : l’association Zébra qui offre aux enfants et adultes surdoués la possibilité d’un espace qui leur est dédié. Tiana encourage ses congénères à ne pas avoir honte de leur singularité et à oser en parler. Être surdouée est source de beaucoup de souffrance. L’enfant qui ressent les différences qui le distinguent des autres a besoin de la bienveillance, la sécurisation et la protection d’un entourage qui doit lui tendre la main et non le stigmatiser.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1196 ■ 24/11/2016