Super sourde
BELL Cece, Ed. Les Arènes, 2015, 242 p.
A l’âge de quatre ans, Cece Bell est atteinte d’une méningite. Elle guérit, mais perd une grande partie de ses capacités d’audition. Commence alors, pour elle, l’apprentissage de ce handicap qui va transformer sa vie. Elle commence par une classe spécialisée de maternelle qui regroupe des enfants malentendants. Elle y découvre la lecture labiale : il lui faudra apprendre à contextualiser ce qu’elle lit sur les lèvres, sans que le risque de confusion ne soit jamais écarté. Puis, elle entre en CP avec des élèves entendants. Elle y vit d’abord et avant tout un quotidien enfantin banal. C’est cette copine qui se montre par trop envahissante et autoritaire. C’en est une autre qui tisse avec elle une authentique amitié, sans se préoccuper de son handicap. Et puis, il y a ce garçon qu’elle trouve si mignon. Bien sûr, sa vie d’élève est percutée par ses difficultés d’audition. Elle aurait tant aimé utiliser à l’école de discrets équipements auditifs. Mais non, il lui faut porter au cou ce « Phonic ear » qui amplifie la parole de l’enseignante parlant dans un micro. Ce qu’elle aurait pu vivre comme une insupportable stigmatisation, devient finalement un atout pour ses copains et copines. Car, l’institutrice omettant de retirer son micro, on entend tout ce qu’elle dit ou fait quand elle se déplace à travers l’école. Pratique pour savoir quand une fois sortie de la classe, elle s’apprête à y entrer ! Ce roman autobiographique en bande dessinée nous propulse dans la peau d’une petite fille qui découvre son handicap, grandit avec lui et réussit tant bien que mal à s’y adapter. Le graphisme très coloré illustre avec bonheur un récit dont on a du mal à se détacher avant la 237ème et dernière page. D’une manière très pédagogique, l’auteur réussit à rendre compte visuellement de la déficience auditive, avec par exemple ces phylactères totalement vides ou remplis d’une suite de lettres incohérentes pour symboliser le silence ou la confusion ressenti dans la communication. Si ce livre, qui a reçu le Prix du meilleur livre jeunesse américain, est conseillé à partir de 8 ans, il ravira tout autant les adultes.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1192 ■ 29/09/2016