Tous les chemins mènent à l’autre. Auprès de la personne handicapée

LE ROLLAND Jocelyne,  Éd. L’Harmattan, 2015, 219 p.

Cette fiction est le récit d’une rencontre. C’est d’abord Emma Gauthier qui entre en scène. Elle travaille, depuis peu, à l’IME de La Barbinerie, un établissement pour enfants atteints de polyhandicap. Le public qu’elle va, jour après jour, accompagner ne parle pas : il crie, il pleure, il rit. Entrer en relation avec lui n’est pas simple. Chaque geste est l’occasion de partager un moment, en essayant de décoder la signification des réactions de l’enfant : changer la couche, donner à manger, pousser le fauteuil ne sont pas seulement des actes fonctionnels. Ils doivent permettre d’identifier les demandes, les souffrances, les joies. Puis, nous faisons connaissance avec Adèle Durand, mère de trois enfants. Sa petite dernière, Solange, atteinte de polyhandicap, prend toute la place au sein de la famille. C’est vrai qu’elle possède un emploi du temps de ministre : le neurologue, le dentiste, l’orthoptiste, l’orthoprothésiste, le gastroentérologue, l’ergothérapeute, la diététicienne etc... L’enfant sait exprimer ses satisfactions et ses contrariétés que l’on peut identifier comme dans un livre ouvert pour qui veut bien y lire : mouvements des yeux, mimiques, sourires, attitudes renfrognées ou enjouées, sons doux ou stridents, forts ou secs. Emma et Adèle vont se rencontrer par le hasard de la même passion : la marche. Elles vont très vite se retrouver autour de la même préoccupation : le polyhandicap. Se construit entre elles un lien de parole et d’écoute tissé autour de confidences et de réflexions, de silences et de regards. L’expérience et le témoignage de la professionnelle et de la mère vont se tricoter et s’enrichir l’une, l’autre autour d’une seule et même conviction : soutenir inlassablement que toutes les vies, sans exception, se valent en dignité, celle des êtres les plus handicapés, comme celle des êtres qui ne le sont pas.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1174 ■ 26/11/2015