L’autisme expliqué aux non-autistes

MARRISSON Brigitte et SAINT CHARLES Lise, Éd. Marabout, 2020, 192 p.

Le constat est imparable : les besoins des autistes sont presque toujours interprétés à partir du cadre de référence des neurotypiques. Ce livre veut rompre avec cette mauvaise habitude : aux professionnel et parent qui s’expriment ici, s’est jointe une personne directement concernée. Les hypothèses sont multiples pour percer le mystère de l’origine de cette affection : dysfonctionnements parentaux, mais aussi troubles respectivement de la socialisation, du comportement, de l’attachement, des émotions etc... Pour les auteurs, les personnes vivant avec cette particularité possèdent le même équipement que tous les autres êtres humains. Et c’est bien le trouble neurodéveloppemental induit qui fait la différence. Les connectivités neuronales particulières de leur cerveau ne leur permettent pas de traiter les informations qui leur parviennent. Submergées par leur succession, elles n’arrivent pas à les trier et les interpréter, contraintes alors de les traiter bribe par bribe, ce qui nécessite une gymnastique cognitive longue et fastidieuse. Les manifestations du corps viennent alors à la rescousse, les comportements stéréotypés cherchant à reconfigurer le cerveau en temps réel, en sélectionnant en priorité ce qui est stable, reconnu et prévisible. Cette stratégie de survie permet de faire face à l’orage sensoriel qui envahit et à la surdité ou cécité sociale qui paralysent. Ce cerveau perceptif ne déduit pas, n’analyse pas, ne sous-entend pas : il n’assimile que ce qu’il perçoit, privilégiant à la fois les formes, les schémas, les images et des détails concrets. Il n’existe aucun traitement permettant d’en guérir. C’est une identité à part entière qu’il faut apprendre à connaître et avec qui savoir communiquer.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1290 ■ 02/03/2021