Mon frère est un extra-terrestre

BENARD Florent, Éd. L’Iconoclaste, 2020, 230 p.

C’est vrai qu’avec sa haute stature et son regard fiévreux, ses traits anguleux et ses réactions imprévisibles, il ne passe pas inaperçu. Mais, c’est son frère. Et le lien affectif qui les relie est indéfectible. Né trois ans avant lui, Samuel était déjà un bébé rigide, tendu et hyperactif. En grandissant, ses retards s’accumulent tant pour s’asseoir, parler que jouer. Ses difficultés de coordination et de motricité posent problème, dès son entrée en maternelle : compter sur ses doigts, déchiffrer ses premiers mots, écrire son prénom sont plus que laborieux. Les rendez-vous médicaux et paramédicaux se multiplient, sans qu’aucun diagnostic ne soit posé. Il reste en boucle sur les mêmes activités et hurle quand on veut l’en sortir. Surgissent alors les regards malveillants, les murmures ou les interpellations des témoins ébahis de ces colères irrépressibles. « Mon frère est un soleil, mais un soleil épuisant » confirme l’auteur. Voire même étouffant, dévorant, tentaculaire Il pose les mêmes questions auxquelles il faut répondre inlassablement. S’il n’est pas stimulé, il se réfugie dans ses automatismes, se renferme et se recroqueville. En grandissant, il s’est réfugié dans une forteresse cadenassée, son système de défense étant verrouillé. Son avenir d’adulte autonome semblait compromis. Pourtant, il finira par intégrer une bibliothèque municipale et rejoindre une communauté de l’Arche.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1290 ■ 02/03/2021