Eduquer face aux drogues et aux dépendances
Georges VAN DER STRATEN WAILLET, Chronique Sociale, 2002, 158 p.
Il existe une quarantaine d’hypothèses pour expliquer la toxicomanie, mais on distingue trois approches bien distinctes pour répondre à cette problématique. Chacune d’entre elles présentant, à peu près, les mêmes taux de réussite, chaque toxicomane doit pouvoir choisir celle qui lui convient. Celle qui a été longtemps privilégiée dans notre pays, avec un mépris certain pour les deux autres, c’est la psychothérapie. Mais il ne faut pas oublier ni les programmes de substitution, ni les communautés thérapeutiques En quoi consistent ces communautés ? Ce sont des lieux transitoires où les adultes vivent en groupe et apprennent à gérer leurs pulsions, à construire des relations saines avec les autres, à résoudre les problèmes de la vie quotidienne et à assurer leur équilibre psychique et physique afin de pouvoir ensuite s’intégrer à l’extérieur, dans les meilleures conditions. Notre pays connaît peu d’expériences de ce type sauf le malheureux exemple du Patriarche. Mais une dérive, aussi grave soit-elle, ne saurait invalider une démarche qui connaît ailleurs des illustrations tout à fait pertinentes. Et c’est l’une d’entre elles que nous décrit ici l’auteur. S’inspirant d’une manière très œcuménique du comportementalisme, de l’analyse transactionnelle, de la système et de la psychanalyse, Georges van der Straten nous explique comment il fait fonctionner sa structure. Elle offre tout d’abord une relation bienveillante, vraie et constructive (il s’agit d’apprendre aux adultes à communiquer de façon authentique, à identifier leurs besoins et leurs émotions). Mais elle propose aussi un cadre qui comporte des règles, des codes et des limites (ce qui permet de contenir les pulsions destructrices et de travailler sur le contrôle de soi, le respect des conventions sociales et la résistance au stress). Elle s’appuie sur la responsabilité interactive (être responsable de soi avec l’aide des autres et réciproquement). Enfin, elle garantit des références éthiques, cohérentes et des modèles d’identification crédibles (ce qui permet d’accompagner vers un projet de vie et un système de valeurs personnelles). A la base de l’intervention socio-éducative, on trouve le parallèle entre le processus de développement des adultes et celui des enfants. Au départ, un grand besoin d’attention, de signe d’affection et de sécurité, puis au bout de quelques mois (quelques années chez l’enfant), des manifestations de confiance, d’ouverture, d’identification et d’adhésion et enfin à quelques temps du départ (période de l ’adolescence chez l’enfant) : contestation, revendications, prises de risques et détachement.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°678 ■ 18/09/2003