Réfugiés: le droit d’asile menacé
Gérard Dhôtel, Syros/Amnesty International, Collection J’accuse, 1995, 127 p.
Amnesty International propose chez Syros une collection consacrée à toutes celles et tous ceux qui ne bénéficient pas de l’oreille bienveillante des média ni de puissants groupes de pression syndicaux ou politiques pour se faire entendre.
Gérard Dhôtel s’intéresse cette fois-ci à la question du droit d’asile. Combien d’êtres humains sont confrontés à travers le monde à la persécution, à la guerre et à la famine ? On connaît en la matière une inflation inquiétante: 8 millions en 1980, 17 en 1990, 23 en 1995 (la moitié de ce chiffre est composé d’enfants). Tout cela se déroule pour l’essentiel en Afrique et en Asie, les populations concernées trouvant refuge dans les pays limitrophes.
Résoudre le problème des réfugiés, c’est en tout premier lieu tout faire pour éviter les exodes. On peut toujours rêver à une prévention des conflits à l’échelle mondiale, à un respect des droits de l’homme et des minorités par tous les gouvernements et à un développement économique plus juste qui ne laisserait pas sur le bas-côté les plus pauvres...
En attendant, les laissé-pour-compte voient leur nombre s’accroître. Ils trouvent place dans des camps de réfugiés gérés par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU qui travaille en collaboration étroite avec les Organisations Non Gouvernementales. Mais très vite, l’oisiveté et l’ennui qui s’y développent débouchent sur la délinquance, la tyrannie des chefs, la discrimination raciale et les violences sexuelles. Les instances internationales agissent depuis de nombreuses années dans le sens du rapatriement. Cette politique a touché trente millions de personnes en vingt ans. Nombre de demandeurs d’asile viennent frapper à la porte des pays riches. Dans notre pays, 27.500 ont ainsi tenté leur chance en 1993 (contre 322.000 en Allemagne, 37.000 en Suède et 35.000 aux Pays-Bas). A l’entrée de l’étranger, si le statut de demandeur d’asile est accepté, c ’est l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA) qui est chargé d’étudier sa candidature. Véritable parcours du combattant au cours duquel, le demandeur doit fournir toutes les preuves de sa persécution. Résultat des politiques de contrôle de l’immigration, 90% des dossiers aboutissent à un rejet. Un appel est alors possible devant une commission de recours. En cas de nouveau refus, l’étranger est invité à quitter le territoire dans le mois qui suit. Il lui reste alors comme possibilité de rentrer dans la clandestinité (au risque d’une expulsion au premier contrôle d’identité) ou de reprendre tout de suite son errance à la recherche d’un endroit qui voudra bien l’accueillir.
L’ouvrage de Gérard Dhôtel articule récits, dessins, documents et témoignages, plein d’émotion sur une question douloureuse que notre pays a décidé de traiter d’une façon telle que l’humanité et la justice n’y trouvent pas toujours leur compte !
Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°352 ■ 09/05/1996