Les coups durs

Elizabeth LAIRD, Flammarion, 2003, 208 p.

« Parfois, on passe des bons moments avec Steve, mon beau-père. Il suffit de rester prudent et de lui éviter des contrariétés. Mais quand il est en colère, c’est terrible. Une fois, il m’a attrapé le bras. Ses doigts étaient comme des griffes d’acier. D’une secousse, il m’a propulsé devant lui, son visage à quelques centimètres du mien. Ses yeux étaient deux éclats de verre, sa bouche une barre de fer. Il m’a dit que j’allais me souvenir de la raclée que j’allais prendre. Cette fois, il ne s’est pas donné la peine d’éviter mon visage. Il y est allé de bon cœur, n’épargnant aucune partie de mon corps, à coups de poing, à coups de pied. Le pire, c’est que je me suis pissé dessus. Ca a été plus fort que moi. Du coup, je me suis senti encore plus petit et minable, encore plus minable et perdu, comme s’il ne restait rien en moi. Comme s’il m’avait complètement vidé à force de me battre. Ca a été terrible, dès que je tournais la tête, même à peine, des élancements me brûlaient comme des flammes, jusqu’aux épaules. Ma bouche gonflée était engourdie. J’avais mal. M’man a protesté, comme à chaque fois. Mais elle a tellement peur qu’il s’en prenne à elle. Et puis, elle dit que c’est quand même grâce à Steve qu’on arrive à vivre et qu’il y a aussi des bons moments avec lui. A l’école, j’ai dit que je m’étais payé un arbre en faisant du vélo. Je me mets dans un coin sombre quand je me change pour faire du sport. M’man m’a dit de ne pas me plaindre, sinon les services sociaux viendraient me prendre. Et puis cette raclée va tout changer dans ma vie. Finalement, c’est grâce à elle que je vais me débarrasser de mon beau-père, que je vais retrouver mon père et finir mon enfance, en étant enfin heureux » Elizabeth Laird nous raconte l’histoire de Jake dans un roman plein d’humour et de délicatesse.  Ecrit à la première personne, celle d’un enfant qui fait le récit de ce qu’il vit, on plonge très vite dans un tourbillon dont on a du mal à s’extirper. Tout commence dans l’horreur et finit dans le bonheur. Récit optimiste et positif : même si la réalité n’est pas toujours aussi rose, pourquoi ne pas se prendre, une fois de temps en temps, à rêver à un dénouement optimiste et bienheureux ?

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°675  ■ 28/08/2003