La fessée - 100 questions-réponses sur les châtiments corporels
Olivier MAUREL, éditions La Plage, 2001, 127p.
Soulever l’enfant par les cheveux ou par les joues, l’obliger à s’agenouiller sur le manche d’un balai ou une règle carrée les bras en croix, le contraindre à lécher le sol , lui cracher dans la bouche, lui cogner la tête sur une table, lui mettre des piments dans les yeux, lui introduire des charbons ardents dans les oreilles, lui coincer les doigts dans un tiroir, le bastonner, lui frapper la plante des pieds... l’imagination sadique de l’être humain pour corriger ses enfants ne semble avoir aucune limite. Seul animal à se comporter ainsi avec sa progéniture, le châtiment corporel fait la quasi unanimité des comportements parentaux. En France, un sondage réalisé en janvier 1999, révélait que 85% des enfants étaient frappés par leurs parents. Oh, bien sûr, il ne s’agit que de claques ou de fessée, qui comme chacun le sait « n’ont jamais fait de mal à personne ». Et pourtant qu’elle soit légère ou sérieuse, la violence ainsi exercée n’est pas sans conséquences. Physiques d’abord : on ne compte plus les perforations de tympan ou les traumatismes oculaires occasionnés par les claques, les atteintes au nerf sciatique, au coccyx ou aux organes sexuels liés aux fessées. Psychologiques ensuite : l’enfant apprend moins ce qu’on cherche à lui apprendre que la manière dont on le lui apprend. Les châtiments qu’il subit le convaincront de principes qui l’accompagneront toute sa vie d’adulte : les plus grands et les plus forts ont le droit de battre les plus petits et les plus faibles, ces derniers doivent se soumettre à la violence, il faut faire du mal aux enfants pour leur bien, quand on aime quelqu’un on a le droit de le faire souffrir, il ne faut pas faire attention à la souffrance de ceux qu’on frappe etc... Mais ne risque-t-on pas, en tenant de tels propos, de culpabiliser, une fois de plus, les parents ? Cela fait un certain temps qu’il n’est plus admis de frapper ni les soldats, ni les prisonniers ni les femmes. Est-ce qu’on s’est inquiété alors du risque de culpabilisation qu’une telle décision allait entraîner pour les officiers, les gardiens et les maris ? Onze pays ont dors et déjà interdit les châtiments au sein de la famille : la Suède été la première en 1979, suivie par la Finlande, la Norvège, l’Autriche, Chypre, le Danemark, l’Italie, la Lettonie et en 2000, l’Allemagne et Israël (qui autorise pourtant sa police à torturer !). En revendiquant cette même mesure pour notre pays, l’auteur ne cherche pas à faire incarcérer tout parent qui met une claque à son gamin, mais à l’inciter à réfléchir à une autre forme de relation. C’est vrai qu’un enfant qui pleure, qui lui-même a des gestes agressifs, qui commet des imprudences ou des dégradations, qui fait du bruit ou qui désobéit, provoque l’irritation de l’adulte qui peut se laisser aller... Mais une autre attitude éducative est possible. Olivier Maurel, père de cinq enfants et six fois grand-père en parle d’expérience.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°578 ■ 31/05/2001