Violence des jeunes, l’autorité parentale en question

Philippe CHAILLOU, Gallimard, 1995, 110 p.

Certes, les média jouent un rôle d’amplification. Effectivement, la délinquance des jeunes a toujours existé. Mais, on ne peut nier la montée spectaculaire de la violence des mineurs: 14.000 jugements pénaux en 1954 ... 80.000 aujourd’hui !

Bien sûr, cette progression est à l’image de la violence des adultes: 60.000 détenus dans les prisons françaises contre 30.000 il y a 15 ans ! Mais l’évolution n’est pas que quantitative, elle est aussi qualitative: abaissement de l’âge minimum courant d’entrée dans la délinquance (de 15-16 ans à 11-12 ans), nouvelles formes d’agression (racket et dépouille), tension grandissante dans les écoles ...

Pour Philippe Chaillou, cette aggravation ne peut s’expliquer uniquement par la détérioration du contexte socio-économique (même si cela joue un rôle indéniable). Non pour lui, le facteur important, c’est le brouillage des repères, l’absence de limites et la confusion des rôles entre adultes et enfants. Les parents ont en fait perdu leur place et leur autorité.

A ce stade,  on sent la tarte à la crème cachée derrière le dos ... on n’est pas déçu !

Premiers responsables: ces campagnes  qui visent à innocenter l’enfant et à diaboliser le parent. Tout bleu ou toute claque sont immédiatement identifiés à un mauvais traitement. Et notre justicier de s’offusquer d’une intervention de police à dix heure du soir dans une famille suite à la communication téléphonique passée au numéro vert (SOS enfance maltraitée) « parce que la mère n’avait pas voulu changer de chaîne de télévision comme le lui demandait son fils avec insistance ». C’est fou ce qu’on peut trouver comme infos vraiment passionnantes dans « Ici, Paris » !

Deuxième coupable, ce tapage autour des droits de l’enfant qui a accrédité l’idée selon laquelle l’enfant n’a plus de devoirs, le plaçant ainsi dans une position de toute puissance.

Enfin, dans la même logique, on trouve les Conseils Municipaux d’enfants qui servent tout juste à endoctriner les pauvres chérubins dans tel ou tel parti politique.

L’outrance de tels arguments n’incite guère à accorder beaucoup de crédit à ce juge des enfants qui pourtant ne dit pas que des bêtises.

Mais, les rappels juridiques intéressants qu’il nous propose, ainsi que les références à la mythologique destinée des Atrides n’arrivent pas à camoufler le cri du coeur de la conclusion: « Il faut que les démocrates osent enfin penser cette question sans avoir peur de passer pour des réactionnaires appelant à la restauration de l’ordre ancien des familles ». Dont acte !

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°344 ■ 14/03/1996