Nouvelles problématiques adolescentes

Sous la direction de Maryse VAILLANT, Jean-Paul LEBLANC, L’Harmattan, 2001, 245 p.

On retrouvera dans les Actes du colloque organisé en décembre 1999 à Pau, par l’Oeuvre de l’Abbé Denis, toute une série de textes fort intéressants replaçant la problématique adolescente en perspective. Le jeune de cette fin de siècle se positionne dans un contexte marqué par la crise de la transmission (l’enfant ne se sent plus ni descendant, ni solidaire de l’adulte : il grandit dans un présent permanent), par l’atomisation de l’individu (le citoyen a fait place au consommateur), par l’émergence de nouvelles formes de familles (qui ne garantissent pas toujours la différence des places entre enfant et adulte), par la crise du statut de l’enfant (qui est à la fois sacralisé et diabolisé passant de l’enfant en danger à l’enfant dangereux), explique Robert Bidart. A cela se rajoute le fossé qui se creuse entre un peuple d’adolescents de 12 millions d’âme qui atteint une maturité physique et psychique de plus en plus tôt et une maturité sociale qui intervient de plus en plus tard. Les professionnels du secteur social sont désignés pour gérer cette situation ou du moins ses dérapages. Depuis l’ordonnance de 1945, tant décriée, mais encore si pertinente, « l’Etat se donne les moyens d’ouvrir les voies de l’éducation aux plus inéducables ». Et, la part laissée à ce qui peut se jouer tout a long de l’enfance n’a jamais été considérée comme aussi importante. Anna Freud affirmait que la vie, c’est comme une partie d’échecs : si les premiers déplacements de pièces sont importants, tant que la partie n’est pas terminée, il reste encore de beaux coups à jouer. Tout peut permettre de rebondir dans un sens positif : n’importe qui peut être psychothérapeutique pour un enfant sans être psychothérapeute, explique Boris Cyrulnik. C’est bien là où réside la responsabilité des adultes, tout d’abord dans les mesures et dispositifs qu’ils mettent en place pour répondre à la détresse ou aux passages à l’acte des adolescents. Robert Cario démontre avec mastria l’inefficacité des politiques de prévention qui n’interviennent pas dès le plus jeunes âge en associant l’entourage de l’enfant et en s’appuyant sur un personnel hautement qualifié. Maryse Vaillant présente et défend la mesure de réparation pénale. Mais, c’est aussi les actions engagées par les structures telle l’Oeuvre de l’Abbé Denis qui réussit ce qui est réputé impossible : accueillir des adolescents en famille d’accueils, en s’appuyant sur la conviction que chacun d’entre eux possède en lui le potentiel pour s’en sortir explique Jean-Paul Leblanc. Mais aussi les actions innovantes de l’ARS qui a lancé au coeur de Marseille des équipes mixtes policiers-éducateurs.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°583 ■ 05/07/2001