Les fantines

PIA BRIFFAUT Maria, Éd. Le Lys Bleu, 2019, 185 p.

Voilà un plaidoyer raisonné et raisonnable pour l’abolition de l’accouchement sous X. Bien des arguments tentent pourtant d’en défendre le bien-fondé. Eviter les infanticides ? C’est supposer que toute femme en difficulté avec sa grossesse serait une criminelle en puissance. Enrayer les abandons sauvages ? L’actualité nous montre qu’ils perdurent, malgré ce dispositif censé l’éviter. Empêcher la contestation de la légitimité des adoptions ? De plus en plus de parents adoptifs se prononcent pour le droit de leurs enfants à savoir d’où ils viennent. Libérer les femmes de l’assignation à la maternité ? Bien des féministes sont aujourd’hui sensibles à la question des origines et de l’identité. Les opposants à l’accouchement sous X reconnaissent à toute femme le droit de confier son enfant à l’adoption. Mais, ils veulent qu’elle ait vraiment le choix de laisser des informations identifiantes. Les témoignages livrés ici montrent des mères n’ayant pas pris leur décision en toute connaissance de cause, car laissées dans l’ignorance de cette possibilité (quand on ne la leur a pas cachée, pour mieux leur subtiliser leur bébé). Ils demandent aussi que tout enfant puisse (ou non), à sa majorité, prendre contact avec sa génitrice. Les nombreux exemples de médiation menée par l’association ADONX rapportés dans l’ouvrage le montrent : de la joie de se retrouver au refus d’être contacté, le panel des réactions est large. Mais cette interface proposée respecte toujours la volonté de chacun(e). Quant à la gratuité des soins, ils revendiquent qu’elle ne soit plus conditionnée au choix de l’anonymat par la mère, disposition incitant les plus démunies à préférer cette solution. Ce que l’on ne comprend toujours pas, en fermant la dernière page, c’est pourquoi la France est l’un des rares pays à conserver cet archaïsme ?

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1268 ■ 03/03/2020