Nicole Fabre, Albin Michel, 1994, 157 p.

Partir des réflexions, questions, interrogations des enfants est une bonne idée. Nous vivons toutes et tous au quotidien des « mots d’enfants » ou ces affirmations d’adolescents qui en disent plus long parfois que bien des discours.  Toutefois, nous n’en retenons souvent que l’aspect attendrissant ou plein d’humour. Cela mériterait pourtant qu’on aille plus loin.

Nicole Fabre s’est essayée à cet exercice. Psychothérapeute et chroniqueuse au journal La Croix, elle a laissé traîner ses oreilles autour d’elle: dans la rue, sur la plage, au jardin public ou dans son cabinet. La moisson  est bonne: elle nous livre en effet une matière au demeurant tout à fait passionnante. « Grand-père, quand est-ce que tu seras vieux? »,  « Moi, je veux tout, tout, tout »,  « Où j’étais quand j’étais pas né ? », « Des fois, je me dis que Dieu, il s’en fout », « Heureusement, on n’est pas nos ancêtres » ...Voilà, ma foi, de quoi faire! L’auteur tente un commentaire éclairé au cours de 52 chroniques d’environ 3 pages chacune. Malheureusement, si le départ était prometteur, l’arrivée est bien décevante, l’ambition initiale ne se concrétise guère. Nicole Fabre a bien du mal à s’élever et à proposer une appréciation constructive et innovante. On reste trop souvent au niveau de banalités. C’est dommage, car cela aurait pu être intéressant d’explorer toute cette richesse potentielle.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°316  ■ 20/07/1995