L'état de l’enfance en France - Réalités et difficultés

Gabriel LANGOUËT et All, Observatoire de l’enfance en France/ PEP, Hachette, 1997, 354 p.

Le livre proposé par la Fédération des Pupilles de l’Enseignement Public est le fruit de deux constats. Celui tout d’abord du décalage entre un des pays les plus riches du monde et nombre de ses jeunes vivant la pauvreté, la précarité, la galère, l’exploitation, la violence ou les paradis artificiels. Deuxième constat, celui de “ l’insuffisance encore notoire de la simple connaissance statistique de l’étendue des difficultés rencontrées par toute une partie des jeunes ” (p.11) D’où l’idée de cet état des lieux divisé en trois parties. Sont listés tout d’abord les principaux problèmes auxquels se heurte la jeunesse : maltraitance, exploitation, délinquance et violence, loisirs, santé et école. Puis, sont présentés plus de 20 tableaux statistiques commentés portant sur les aspects les plus divers, depuis le sommeil jusqu’aux habitudes alimentaires en passant par les relations sexuelles, la télévision ou l’absentéisme scolaire. Enfin, la parole est donnée aux chercheurs et scientifiques. A remarquer en annexe un précieux annuaire regroupant les coordonnées de dizaines d’associations agissant au bénéfice de la jeunesse. On notera dans le paragraphe consacré à l’exploitation la dénonciation de la situation de l’apprentissage qui ne semble pas toujours respecter les règles ni d’horaire, ni de rémunération, ni de congés. Mais aussi celui sur les loisirs qui dresse le bilan de la désaffection des colonies “ trop rigoureuses, voire moralisantes dans  un système social basé sur le consumérisme et la jouissance immédiate ” (p.101) Les statistiques confirment que 85% des jeunes déclarent n’avoir jamais consommé de drogue alors même que 22% d’entre eux  confient avoir souvent un sentiment de désespoir devant l’avenir. Si le taux de mortalité infantile est passé de 13,8 pour mille en 1975 à 6,4 pour mille aujourd’hui, 802 jeunes de15 à 24 ans se sont suicidés en 1995. On lira aussi avec intérêt l’article de François de Singly qui fait justice des boucs-émissaires traditionnels que sont le travail professionnel de la mère, l’abdication de l’autorité du père, le divorce des parents et surtout leur démission.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°536 ■ 22/06/2000