C’est pas juste! L’éthique des enfants devant les actes des adultes

Michel SOULE et all, 1997, 120p.

Voilà, ma foi, un titre alléchant, qui ne peut qu’attirer tout lecteur intéressé par le fonctionnement psychique de l’enfance et notamment son sens moral. Et pourtant, à l’arrivée, on parle de beaucoup de choses, sauf du sujet attendu. A preuve, cette contribution de Bernard Golse consacrée … à l’interprétation des œuvres musicales et psychanalytiques. Ou encore celle d’Antoine Guedeney qui tente de réhabiliter Bowlby dont il regrette la condamnation comme non-psychanalyste. Etienne Roy quant à lui nous propose un développement sur le mode d’insertion et de socialisation des banlieues. Sans oublier Georges David se consacrant à une dissertation … sur le risque médical. “ C’est pas juste ! ” réagiront les fidèles de Michel Soulé.  Je dois reconnaître qu’on ne peut réduire cette journée à ces digressions d’intervenants qui semblent ne venir là que pour parler de ce qu’ils ont envie, quitte à faire référence en deux ou trois phrases au thème de la rencontre, comme pour se donner un alibi. Et à tout seigneur, tout honneur, on doit à Michel Soulé “ himself ”, la contribution la plus intéressante sur la mégalomanie du petit d’homme qui ressent comme une injustice insupportable de ne pouvoir appliquer cette toute-puissance qui l’anime. Et de reprendre la devise républicaine revisitée par l’enfant : liberté de faire ce qui me plaît, égalité imposée aux autres de ne pas me dépasser ou d’avoir quelque chose en plus de moi, fraternité des uns et des autres qui doivent tous m’aimer sans jamais râler après moi. Fernand Daffos et Jean-Pierre Rosenczveig eux, se sont attachés à décrire les droits et devoirs, du fœtus pour le premier, des enfants pour le second. Virginie Granboulan se réservant les adolescents : “ ’’c’est pas juste ! ’’ est un cri d’enfant qui, entré en phase œdipienne, se heurte à l’interdit ” explique-t-elle, continuant quelques lignes plus loin : “ l’enfant pleurniche et récrimine contre la loi, l’adolescent, lui, casse ses voitures et ses cabines téléphoniques ” (p.87& 88).

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°436 ■ 02/04/1998