Vivre heureux avec son enfant. Un nouveau regard sur l’éducation au quotidien grâce aux neurosciences affectives
GUÉGUEN Catherine, ED. Robert Laffont, 2015, 245 p.
Alors que le discours ambiant incite surtout à donner des limites aux enfants, de plus en plus de parents n’ont plus envie de les éduquer en les dominant par la punition, la peur et la culpabilité. L’éducation autoritaire traditionnelle fut, pendant longtemps, la seule réponse face aux petits d’homme submergés par leur cerveau archaïque et recevant sans aucun filtre les émotions de peur, de colère ou de chagrin. Les adultes possèdent les structures cérébrales leur permettant d’analyser et de prendre du recul. L’immaturité du cerveau des enfants ne leur donne pas cette capacité : ils ne sont parfois pas en mesure de contrôler leurs impulsions et leurs émotions, ni d’analyser la situation, pas plus que d’accéder à un raisonnement rationnel. Leur besoin vital, c’est avant tout de se sentir aimés inconditionnellement, d’être consolés et rassurés par un adulte calme et patient qui sait les apaiser par le contact, la voix et le regard, avec tendresse et douceur. L’attitude que l’on adopte à leur égard impacte directement le développement de leur cerveau. Plus on leur donne de l’affection, plus ils deviennent sereins, paisibles et éveillés. Forte de ces convictions, Catherine Guéguen revendique des modalités d’éducation prévenante à l’opposé du dressage et de la soumission. Cela passe d’abord par cette bienveillance consistant à adopter un regard compréhensif et indulgent. Par l’empathie, ensuite : se sentir affecté par les émotions qu’exprime son enfant, les comprendre et les partager. Par la sollicitude encore qui incite à prendre soin de lui et de tout faire pour qu’il se sente bien. Cela se concrétise par des attitudes pleines d’attention et de chaleur, par des gestes tendres et des câlins affectueux, ainsi que par des réponses qui, pour ne pas exclure la fermeté, ne s’en montrent pas moins affables, indulgentes et tolérantes. Ces comportements ont des effets psychologiques, mais aussi des conséquences physiologiques. Ils libèrent l’ocytocine, cette hormone qui procure un sentiment de bien-être, qui aide à percevoir les émotions et diminue le stress, déclenchant la sécrétion d’autres molécules telles la dopamine (sensation de satisfaction), endorphine (antalgique et anxiolytique) et la sérotonine (anti-dépressif). S’enclenche alors un cercle vertueux : plus l’enfant reçoit des nourritures affectives suffisantes, plus il bénéficie d’un bain hormonal apaisant, plus il va être poussé à développer à son tour un comportement empathique et bienveillant à l’égard de son entourage.Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1199 ■ 19/01/2017