Mouchons nos morveux. Conseils aux parents qui ne veulent plus se laisser marcher sur les pieds
Jean-Louis FOURNIER, Editions Jean-Claude Lattès, 2001, 196 p.
La Fondation de France a soutenu depuis près de 20 ans la création et le démarrage de multiples lieux d’accueil parents/enfants: 30 Maisons Vertes de 1979 à 1989, 70 structures pour l’exercice du droit de visite depuis 1987 et encore 70 lieux d’accueil de quartier entre 1990 et 1994. Elle a souhaité faire le point sur ces trois types d’expérience. Elle a donc commandé une étude transversale à 4 chercheurs qui nous proposent donc leur analyse dans un ouvrage tout à fait passionnant.
Le document comporte 3 actes: une approche comparative des différents lieux d’accueil, une élaboration autour des transformations de la famille, enfin une réflexion sur les évolutions du travail social.
Parmi les nombreux manuels d’éducation parus ces dernières années, si l’on ne devait en retenir qu’un, celui de Jean-Louis Fournier retiendrait, sans doute, tous les suffrages. Dieu a dit « tu enfanteras dans la douleur ». Le pire, rajoute l’auteur, c’est après : les 30 années qui suivent ... avant qu’ils ne quittent la maison. Au début, c’est tout mignon, on s’attendrit. Mais, méfions-nous en imaginant ces chers petits petons qui gigotent chaussés de Nike, pointure 45. C’est que ça grandit très vite. Quand c’est petit, ça vous empêche de dormir, parce que ça pleure. Quand c’est plus grand, ça vous empêche de dormir parce que ça ne rentre pas. Quand c’est vieux, ça vous empêche de dormir, parce que c’est tout le temps fourré à la maison. A croire qu’ils sont venus au monde pour gâcher nos nuits. Il faut savoir, quand on a un enfant, que c’est pour longtemps. Alors, réfléchissons, avant : y a pas le feu. L’être humain n’aime pas être seul. La solitude lui est pénible. Alors, il fait des enfants. Il faut savoir qu’un animal de compagnie comblera bien mieux ce vide. La preuve ? Un chien ne reste pas des heures dans la salle de bain. Un chat, ça ne vous demande pas une mobylette. Un hamster, ça ne rate pas trois fois son bac. Il est trop tard : votre enfant est né ? Ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain, jetez seulement le bébé. N’attendez pas qu’il soit trop grand pour l’abandonner, parce qu’à la longue, on s’attache. S’il est enlevé par des bandits : ne payez pas la rançon pour qu’on vous le rende. Payez pour qu’on vous le garde ! Vous n’arrivez pas à vous en débarrasser ? Rentabilisez-le ! Vous avez remarqué que l’enfant est sans cesse en mouvement, il remue les bras les jambes. Au lieu de vous épuiser à li demander de rester tranquille, utilisez son énergie cinétique pour faire de l’électricité. Fixez des électrodes à ses petites pattes, elle seront reliées à une dynamo qui rechargera a batterie. Conseil pour le voir le moins possible : habillez-le avec les chutes de tissu qui a servi à recouvrir le canapé et obligez-les à rester assis toute la journée sur le canapé. Conseil pour l’entendre le moins possible : leur demander de se taire, sauf s’ils ont des choses intelligentes à dire. Quand l’enfant est-il le plus supportable ? Quand il sort. Quand il dort (sauf quand il est midi et qu’il a trente ans). Et surtout quand il n’existe pas. Vous devenez grands-parents ? Ne faites pas construire de piscine dans votre jardin (ou alors une piscine très profonde avec des requins ou des crocodiles au fond). Ne jetez pas vos vieux sommiers défoncés : gardez-les pour la chambre que vous destinez à vos enfants. Cela les incitera à ne pas rester couché chez vous. Tout cela, pour dire, qu’on les aime bien ... surtout quand ils s’en vont.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ 01/08/2002