Leurs enfants dans la ville
RIVIERE Clément, P.U.L., 2021, 164 p.
Les standards éducatifs ont évolué : la présence d’un enfant seul est perçue comme un facteur de risque. Le laisser jouer ou se déplacer sans être sous étroite surveillance éveille des soupçons d’une négligence vite stigmatisée. Dans le même temps, les légitimes préoccupations parentales face aux menaces d’accident ou de mauvaises rencontres freinent la prise d’autonomie et la montée en compétences. C’est la gestion de ce paradoxe qu’aborde l’auteur, à partir d’entretiens menés à Paris et Milan. Il est passé le temps vécu par les parents d’aujourd’hui où la rue était le lieu de socialisation enfantine de prédilection, leurs propres enfants se recentrant sur l’espace du domicile familial, voire de leur chambre. Il est vrai que l’intensité de la circulation et l’exposition à la pollution de l’air urbain ont changé la donne. Trois stratégies familiales distinctes se détachent. Soit un encadrement étroitement protecteur, assuré par des tiers familiers dans des lieux de proximité. Soit, une préparation gradualiste permettant le passage du réseau de parenté et d’intimité vers le monde étranger, en passant par le voisinage et l’interconnaissance. Troisième approche, une confrontation intermédiaire entre sécurisation et autonomisation. Options influencées par les caractéristiques à la fois socioculturelles et de genre : la confiance varie selon qu’on est fille ou garçon, de milieu populaire ou plus favorisé.