Le parent chef de meute. L’autorité aujourd’hui au regard de l’histoire
JUUL Jesper, Éd. Fabert, 2019, 64 p.
Un doute s’est instillé dans le monde de l’éducation sous l’effet du mouvement anti-autoritaire et de la lutte pour l’égalité des femmes : faut-il exercer un leadership à l’égard des enfants ?
Non qu’il faille se montrer nostalgique d’un autoritarisme traditionnel bien peu performant pour répondre au développement ou au bien-être de l’enfant. Il se résumait à vouloir le dresser pour contrer sa nature prétendument asociale, peu coopérative et peu dotée d’empathie.
Mais faut-il en déduire, à l’inverse, que tout enfant sait ce qui est fondamentalement bien pour lui ? Telle n’est pas la conviction de Jesper Juul, célèbre thérapeute familial danois auteur d’une vingtaine de livres destinés aux parents.
Certes, les enfants connaissent très bien leurs besoins et leurs envies, (ce que nous pourrions traduire en termes de « désirs »). Effectivement, ils passent leurs journées à apprendre mille choses sur lui-même, les autres, le monde, les limites, les valeurs, les routines et les normes. Bien sûr, leur résistance à l’adulte renvoie à la protection de leur intégrité, de leur autonomie et de leurs limites personnelles. Mais, leur manque d’une expérience pratique, d’une vision d’ensemble et d’une perspective d’avenir les empêchent de disposer d’une conscience de leurs besoins fondamentaux
La guidance des adultes, pour leur être indispensable, doit ne pas tomber dans la tyrannie et respecter toute une série de conditions.
La première d’entre elles concerne cette équidignité et cette réciprocité qui se traduisent à travers des postures adultes tels la proactivité, l’empathie, la flexibilité, la bienveillance, mais aussi la conscience de ce qu’il induit.
Puis vient l’écoute, le respect de l’intérêt de l’enfant et la confiance en ses capacités présentes et en devenir. Il a besoin que l’on prête attention à ses intentions plutôt que de se voir soumis à la seule injonction d’obéissance à ce que lui est ordonné.
Enfin, il faut que l’adulte accepte de relever les défis posés par l’enfant, en s’appuyant sur sa propre authenticité, en partant de ce qu’il est et de ce qu’il pense, avec ses atouts et ses fragilités. En éducation les résultats s’obtiennent pour 20 % grâce à la méthode choisie et 80 % grâce à la personnalité de celles et ceux qui l’appliquent.
L’auteur passe en revue diverses versions de la parentalité que ce soit ces « parents-curling » soucieux de débarrasser le chemin de leur enfant de tous les obstacles qui s’y trouveraient aux « parents-hélicoptères » surveillant leurs moindre faits et geste, en passant par ceux qui imposent un projet de vie à leur enfant. L’auteur se garde bien de leur fournir les bonnes solutions, ni les conseils idéaux. Il leur suggère juste de renoncer à devenir des parents parfaits.