LQR. La propagande du quotidien

Eric HAZAN, Raisons d’agir, 2006, 124 p.

Le régime nazi s’insinua dans les esprits à travers des expressions isolées, des tournures, des formes syntaxiques qui s’imposèrent à des millions d’exemplaires et qui furent adoptées de manière mécanique et inconsciente. Telle est l’analyse réalisée par Victor Klemperer qui étudia la naissance et le développement de cette nouvelle langue qu’il baptisa Lingua Tertii Imperii. Par comparaison, Eric Hazan nous décrit l’émergence d’une novlangue issue de la brutale modernisation du capitalisme français dans les années 1960 : la Lingua Quintae Respublicae. Avec toutefois quelques différences : « La LTI nazie visait à galvaniser et à fanatiser, la LQR s’emploie à assurer l’apathie » (p.14) Il s’agit donc bien d’obtenir le consensus et l’apathie. Cela a commencé par le remplacement du terme « question » (question sociale, question palestinienne, question coloniale …) par le vocable « problème ». Là où le premier ouvre à une multiplicité de réponses possibles, le second induit d’abord l’idée d’une seule solution possible et ensuite de la nécessité d’experts seul à même de régler scientifiquement les difficultés.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°824 ■ 18/01/2007