Psychanalyse des contes de fée

Bruno Bettelheim, Robert Laffont, 1976, 396 p.

Le petit enfant n’a aucune conscience des forces du conscient, du préconscient et de l’inconscient qui animent son esprit. Immature intellectuellement, l’explication scientifique ne lui est d’aucun secours. Les explications irrationnelles et fantastiques peuvent par contre créer une base de sécurité qui favorisera l’accès ultérieur à la réalité. D’où l’importance des contes de fée qui agissent positivement dans l’équilibre psychique de l’enfant. On sait que chez celui-ci il y a prédominance des sentiments. Il peut d’autant mieux mettre de l’ordre dans son esprit quand ses désirs s’identifient à une bonne fée et ses pulsions à une sorcière ! De même pour le manichéisme, l’absence d’ambivalence et la simplicité morale (bien/mal) de ces contes qui en l’aidant à se forger une perception optimiste du monde et en renforçant son sens de la justice le préparent à affronter ultérieurement la complexité de la réalité adulte.

Ainsi, « Peau d’âne », en étant convoitée par son père, permet à l’enfant de fantasmer sur le complexe d’oedipe tout en restant en bons termes avec ses parents.
Cendrillon persécutée par ses soeurs, permet une saine identification au moment de la naissance du deuxième enfant.

Le conte des deux frères dont l’un décide d’aller explorer le monde tandis que l’autre reste à la maison illustre bien l’alternative fusion ou autonomisation.

Le chaperon rouge, lui, est confronté à ces deux réalités qui traversent chacun : la pulsion de vie (= grand-mère) et la pulsion de mort (= le méchant loup).

Quant aux trois petits cochons, ils symbolisent les étapes de la maturation qui mènent à l’âge adulte: la facilité et le plaisir ne suffisent pas pour s’en sortir, l’intelligence et l’effort étant les plus importants.

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°319 ■ 14/09/1995