Les noces d’Œdipe
Michèle COSTA MAGNA, Acte Sud Education, 1997, 138 p.
Dans une présentation agréable et à pratique et à un prix plus que modéré, Michèle Costa Magna se propose d’expliquer aux plus jeunes, les arcanes de la théorie freudienne. Pour ce faire, elle a choisi la voie du roman mettant en scène Lucile, jeune adolescente de 17 ans qui s’éveille en compagnie de ses copains et de ses copines à la dialectique philosophique en fréquentant la Babylon’café qui s’est fait une spécialité d’animer des débats portant sur cette discipline. La rencontre avec l’antiquité grecque et sa mythologie l’entraînera inévitablement vers l’histoire des malheurs d’Œdipe et l’inspiration qui poussera Freud à en faire la clé de voûte de sa théorie. La tête pleine de ces idées nouvelles pour elle, Lucile aura la surprise d’apprendre que sa propre grand-mère tomba amoureuse d’un homme de l’âge de son propre père, forme prise chez les femmes par le complexe d’Œdipe. Elle découvrira le système psychanalytique qui attribue à l’enfant des tendances perverses polymorphes. En grandissant, cette sexualité infantile sera sublimée sous la forme de tendresse, de créativité, de goût pour la recherche ou la création de liens sociaux. Mais, il arrive parfois que cette idéalisation positive des pulsions n’advienne pas. Apparaît alors une névrose dont on peut se libérer au travers de la cure : “ il faut des années d’élaboration patiente à deux voix pour que ce discours intime, inconnu se dénoue suffisamment et ne fasse plus autant souffrir ” (p.95).
Lucile évolue dans un milieu aisé et n’est confronté qu’à ses problèmes d’adolescente, découvrant le monde adulte, l’amour et les aléas d’une vie malgré tout exempte de bien des souffrances que rencontrent les jeunes qui défraient le plus l’actualité. Mais, ce roman n’est pas tant là pour décrire la société que pour expliquer la théorie psychanalytique d’une manière simple, agréable et à la portée du public jeune. En cela, il y arrive fort bien et peut être conseillé à toutes celles et tous ceux qui veulent comprendre et faire comprendre.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°428 ■ 05/02/1998