Psychothérapie institutionnelle d’enfants. L’expérience du KaPP
KINO Philippe (sous la direction), Ed. érès, 2012, 214 p.
Mais que peut-il bien se passer dans un hôpital de jour s’adressant à des enfants atteints d’autisme, de psychoses ou de troubles du développement et s’inspirant du modèle de la psychothérapie institutionnelle des années 1960 ? Pour répondre à cette question, l’équipe soignante du KaPP comprenant tant des pédo-psychiatres que des psychologues, des éducateurs que des assistantes sociales, des aide-soignant que des kinésithérapeutes, des éducateurs sportifs que des éducateurs artistiques, des bénévoles que des stagiaires ont joint leurs plumes. La polyphonie d’écriture ainsi obtenue est à l’image d’une action commune, où chacun des intervenants est impuissant à répondre seul aux problématiques des vingt cinq enfants accueillis, au quotidien. Si l’imprégnation du service est psychanalytique, la dimension cognitivo-comportementale ou médicamenteuse n’en est pas pour autant bannie. Les petits patients sont répartis en quatre groupes distincts qui se voient proposer, chacun, quatre activités chaque jour. Ces soixante morceaux de vie disparates sont conçus, chaque semaine, avec pour objectif de créer un contexte thérapeutique, articulant à la fois le soin, l’instruction et l’éducatif. Tout moment de la journée participant de la thérapie, il n’y a aucune hiérarchisation entre les temps et les fonctions institutionnelles. Si la fonction psychothérapeutique reste du domaine du thérapeute, la fonction soignante, elle, appartient à tous. C’est que la psychothérapie institutionnelle se veut moins un soin apporté à une maladie psychique, qu’un travail d’humanisation. Les enfants accueillis ne sont pas qualitativement différents des autres. Ils sont restés coincés dans une perception de leur corps, du temps et de l’espace, que les autres ont réussi à dépasser. Il s’agit de tenter de les rejoindre là où ils en sont et de les aider non seulement à atteindre un meilleur équilibre psychique, mais tout autant de développer leur potentiel cognitif (l’apprentissage et l’instruction) que leur subjectivation et leur socialisation. Le KaPP exerce depuis dix ans et a vu passer plus de cinq cents enfants. Et pourtant, il n’a toujours pas de projet thérapeutique. Aucune négligence en la matière, mais une volonté délibérée de privilégier un dispositif élaboré sur mesure et adapté à chaque enfant. L’équipe est vigilante à éviter tant le chaos que la rigidification. Ce qui garantit sa cohérence, c’est le nombre de réunions qui peut prendre jusqu’à 30 % du temps de travail des intervenants. Rites et délimitation de territoire marquent la place de chacun, évitant la confusion et permettant une collaboration fondée sur une pensée congruente. Ne cherchez pas le KaPP, en France. Il exerce en Belgique.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1097 ■ 14/03/2013