L’école de PALO ALTO

Il y a 30 ans, cette rubrique remonte le temps en remettant sur le devant des critiques parue il y a trois décennies… "L’école de PALO ALTO"

Edmond MARC et Dominique PICARD, Edition Retz, réédité en 1990, 190 pages.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Palo Alto sans jamais oser le demander... Mais, Palo Alto, quèsaco ?
Cette petite ville de la grande banlieue de San Francisco est connue comme le centre d'une pépinière de chercheurs d'origine scientifique diverse (Bateson, Watzlawick, ...) qui ont tous participé à l'élaboration de la thérapie familiale de type systémique.
Marc et Picard décrivent de façon claire, simple et didactique la dynamique de cette conception, en choisissant 3 directions plus particulièrement explorées par cette école : une théorie de la communication, une méthodologie du changement et une pratique thérapeutique. Le mérite revient à Palo alto d'avoir élargi notre perception de la problématique familiale en affirmant que « lorsqu’'un individu est étiqueté comme malade dans une famille, il est en fait victime d'un système familial pathologique. » (p. 13).
En tentant de recomposer l'ensemble des relations significatives qui relient les êtres humains entre eux, il s'agit bien d'appréhender l'individu comme un acteur en interaction constante avec son environnement.
Dès lors, l'homme ne peut être étudié en tant qu'être solitaire mais au travers du système qui agit sur lui et sur lequel il rétroagit lui-même.
La communication est alors au centre de la stratégie du changement : l'étude à laquelle se livre l'ouvrage de ses principes et manifestations permet ensuite de comprendre certaines méthodes thérapeutiques qui s'en inspirent (injonction paradoxale, thérapie brève, alternative illusoire...) et qui ont séduit des instructions comme les "alcooliques anonymes" ou le Centre Médical de Marmottan.
Mais de tels axes ne sont pas seulement des outils entre les mains des seuls thérapeutes.
L'acte éducatif peut trouver d'utiles développements et de réels renouvellements en s'appuyant sur les principes de Palo Alto. Ainsi, par exemple, face à une situation où de part et d'autre, les positions semblent se figer, n'est-il pas judicieux plutôt que de faire "toujours plus de la même chose" d'essayer de rompre le jeu en sortant du cadre imposé, de prendre le contre-pied de ce qui est attendu en se situant ainsi délibérément dans un contexte radicalement différent ?
On peut encore appréhender les modes de communication mis en œuvre en repérant les mécanismes d'interaction dans ce qu'ils ont de symétriques (relation d'égalité entre interlocuteurs pouvant entraîner compétition et surenchères) ou de complémentaires (ajustement des uns sur les autres entraînant une position haute -supérieure- et une position basse -inférieure-) et ainsi être mieux à même de contrôler les effets et conséquences de la relation.
De telles techniques peuvent être considérées non comme "la dernière grande étape de la théorie et de la pratique psychologique" comme l'affirme la page 1 de couverture, mais plutôt comme une méthodologie possible à côté d'autres avec ses limites et ses avancées dans la stratégie du changement et de l'apprentissage éducatif.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°259  ■ 05/05/1994