Être pleinement soi-même - Vivre une relation authentique avec soi et les autres

Jean-Jacques Crèvecœur, Editions Jouvence, 2000, 256 p.

Les théories du développement personnel peuvent au choix séduire ou irriter. Leur simplicité apparente peut sembler quant à elle soit pratique, soit réductrice. Les concepts proposés n’en sont pas moins le plus souvent d’une pertinence qui mérite qu’on s’y attarde quelque peu. La démonstration de Jean-Jacques Crèvecœur ne fait pas exception en la matière. L’auteur s’inscrit dans la continuité et la complémentarité de l’analyse transactionnelle, de la programmation neurolinguistique, de la méthode Gordon ou de la pratique de Jacques Salomé. De quoi s’agit-il ? Les théories classiques de la communication invitent à mettre en cohérence les messages explicites et implicites qu’on adresse aux autres. Il s’agit d’accorder ce qu’on pense et ce qu’on ressent avec ce qu’on dit. Mais un troisième niveau intervient fréquemment : les jeux de pouvoir interpersonnel qui viennent continuellement polluer la qualité de la communication. Nos réactions instinctives et spontanées ont trop tendance à reproduire ces scénarios que nous connaissons déjà. Pour rétablir une relation qui se veut efficace et respectueuse de l’autre, trois conditions sont nécessaires. Établir tout d’abord une situation de sécurité qui permette à chacun de reconnaître sa vulnérabilité de telle façon que de faiblesse elle devienne une force. Ensuite, ne pas porter de jugement : en n’identifiant pas la personne avec ses actes ou en retraduisant les étiquettes qu’on lui (ou vous) applique en comportements observables. Enfin, reconnaître son ressenti. Ce dernier facteur est tout particulièrement important. « On nous a enseigné que nos émotions étaient quelque chose de très dérangeant, de socialement inacceptable et que nous devions faire en sorte de les ignorer » (p.97). Or, plus nous luttons contre elles, plus elles prennent de l’importance et ont tendance à pomper notre énergie. Quand elles nous envahissent, le résultat ne se fait guère attendre : elles ne nous rendent guère disponible à l’autre. Si nous voulons récupérer ce potentiel dilapidé, il nous faut aller le rechercher dans nos nœuds émotionnels. Se centrer sur l’autre passe d’abord par se recentrer sur soi-même. Lui dire ce qu’on ressent vraiment constitue un véritable cadeau d’authenticité. Inversement, communiquer avec le ressenti de l’autre ne passe pas tant par sa propre pensée mais par son propre ressenti. C’est là se donner des permissions, entrer dans un véritable processus de réappropriation de ses émotions et s’en faire des alliées. L’objectif final est bien de rétablir le contrôle de l’équilibre entre notre comportement externe (je fais et je dis), le processus interne (je pense) et nos états internes (je ressens). C’est bien par le retour sur nous-mêmes, explique l’auteur.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°601 ■ 13/12/2001