Transfert et relation de sympathie

Jean AMBROSI, L’Harmattan, 1998, 150 p.

Chercheur en clinique expérimentale, Jean Ambrosi a consacré l’une de ses parutions aux éditions l’Harmattan à la question du transfert. C’est un ouvrage  très fluide qui s’appuie largement sur des vignettes. L’auteur tente une modélisation originale propre à renouveler la pratique psychothérapeutique. L’hypothèse de base de l’ouvrage consiste à présenter le transfert comme une constante à tout comportement humain. Décrit en premier par Théodule Ribot en 1896, puis repris par Freud et ses exégètes qui en ont fait un concept central de la cure analytique, Jean Ambrosi lui donne ici une acception bien plus large. Toute rencontre mettant en présence deux personnes qui ne se connaissent pas, met en œuvre un processus immuable. Il y a d’abord ces premiers moments où les échanges se font sur un mode instinctif, chacun alors “ accède en continu à une connaissance jaillissante du partenaire ” (p.78). Mais cela ne dure qu’un instant. Très vite s’instaure un transfert dont le mécanisme est le suivant. L’interlocuteur est figé et identifié à partir d’un image analogique, en provenance direct du souvenir d’un personnage ou d’une situation passés. Une confusion  s’opère alors entre la réalité du partenaire et l’image qu’il a fait naître : la communication s’établit dès lors pas tant avec lui qu’avec le cliché qui est censé le représenter. Ce transfert perturbe l’authenticité de la relation. Pour toiletter le dialogue, le thérapeute doit identifier l’image que lui-même projette sur sa patiente et aider cette dernière à faire de même. Alors peut s’établir une véritable sympathie qui constitue “ une relation amoureuse dans laquelle le partenaire n’est pas l’objet du désir ” (p.106). Chacun étant rétabli dans sa véritable identité, peut s’élaborer le travail thérapeutique.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°445 ■ 11/06/1998