C’était mieux avant!
SERRES Michel, Ed. Le Pommier, 2017, 95 p.
Avant, les guerres successives faisaient des millions de morts. Avant, les pauvres mourraient sans soins les médecins emportant dans leur sacoche les dix médicaments efficaces pour les patients qui pouvaient les payer. Avant, on pouvait injurier les juifs dans des revues antisémites et prétendre scientifiquement que les noirs étaient plus proches des primates que des êtres humains. Avant, les usines pouvaient répandre sans contraintes leurs déchets dans la nature. Avant, il fallait mettre au monde beaucoup d’enfants pour espérer en garder deux ou trois, les mères risquant à chaque accouchement de mourir de septicémie. Avant, les couples qui se mariaient se juraient fidélité pour une moyenne de 5 ans. Ensuite, le veuvage arrivait. Avant, on faisait la lessive au printemps et à l’automne, gardant les mêmes draps dans les lits et les mêmes chemises sur le dos, six mois durant. Avant, les hôtels ne disposaient ni d’eau courante, ni de toilette, on se lavait avec un broc et on faisait ses besoins dans un pot de chambre qu’on vidait au petit matin. Avant, pour se coucher, on devait entrer dans des draps humides et froids. Avant, on travaillait à la force de ses muscles, sans aucun moteur pour soulager la peine. Avant, le courrier parvenait à son destinataire au bout d’un mois. Avant, il fallait extraire les asticots du jambon avant de le manger. Décidément, il n’y a pas à dire : c’était quand même mieux avant !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1224 ■ 08/03/2018