Vers un État social actif à la française

ROUZEAU Marc, Éd. EHESP, 2016, 169 p.

L’État providence se délite. Le cadre de référence construit au cours des trente glorieuses a été remis en cause par les crises successives des années 1980. Sous l’effet de la mondialisation, de la décentralisation, de l’européanisation et du paradigme néo-libéral, la protection sociale et l’assistance ont cédé le pas à la promotion de l’équité et de la cohésion sociale, du développement des capabilités et de la mobilisation des bénéficiaires. Les travailleurs sociaux se voient confier la mission d’instruire les contreparties qui sont exigées de la part des usagers. De nouvelles pratiques émergent : contractualisation induisant le donnant/donnant, accompagnement limité dans le temps, rationalisation des interventions par l’harmonisation des modes de faire, traçabilité de l’action menée et évaluation des performances obtenues. L’État social est en train de devenir actif, en ce qu’il privilégie la dynamique de projet, l’individualisation des prises en charge et la responsabilisation des individus. Marc Rouzeau illustre ces mutations en cours, en modélisant les politiques de développement social local devenu, pour lui, l’épicentre de la nouvelle action sociale. Il identifie quatre répertoires d’intervention à la coloration collective et territorialisée. L’aménagement réparateur, d’abord, qui se concrétise sous forme de destructions/reconstructions architecturales. Une gestion modernisatrice, ensuite, fondée sur la proximité d’avec les usagers et la transversalité des services intervenant auprès d’eux. L’administration intégrative, encore, privilégiant une régulation sociale qui articule étroitement la prévention et la sécurité. Enfin, un développement endogène s’appuyant sur les ressources du quartier en difficulté pour en faire autant une solution de régénérescence qu’un problème. 

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1231 ■ 17/05/2018