Réinventer l’association

LAVILLE Jean-Louis, 2019, Ed. Desclée de Brouwer, 235 p.

L’associationnisme est né des secours mutuels, des entraides paysannes pour les semences et les récoltes, de l’économie informelle, de l’échange monétaire des biens et des services, les travaux collectifs pour le bien commun.

Il sera rejeté par le marxisme qui revendiqua l’affrontement avec le capital jusqu’à la prise du pouvoir. Il est ainsi réduit à un romantisme angélique entaché de socialisme utopique.

L’État keynésien et l’État social démontrèrent, un temps, leur capacité à orienter la dynamique du marché et à en corriger les dérives par la redistribution sociale. Jusqu’à ce que pari social-démocrate ne se mue en social libéralisme, que l’économie sociale ne s’aligne sur le modèle gestionnaire du privé et que la responsabilité sociale des entreprises ne vienne menacer la régulation publique. Sous l’effet de la déréglementation, de la privatisation, de la concurrence généralisée et d’un marché financier globalisé, la perspective d’une meilleure répartition des richesses a été subordonnée aux contraintes budgétaires et à l’augmentation des marges des entreprises. Le peuple est sommé d’attendre le retour de la croissance, alors que son niveau de vie baisse régulièrement.

Plutôt que de s’en remettre à d’hypothétiques figures providentielles, mieux vaut se réapproprier cette mémoire oubliée que réactivent les expériences concrètes surgissant un peu partout dans le monde : les circuits courts, les coopératives, l’auto-organisation qui interrogent les finalités de la production et son utilité sociale.

Pour l’auteur, il est temps de revendiquer l’actualité de l’associationnisme, en le distinguant du managérialisme ou de la néo philanthropie qui subordonnent son ambition émancipatrice à l’impératif gestionnaire et productiviste pour l’une et au paternalisme de la bienfaisance pour l’autre.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1274 ■ 26/05/2020