Va-t-on payer pour travailler?
Valérie Segond, Ed. Stock, 2016, 302 p.
Les employeurs se montrent très créatifs, quand il s’agit d’accroître la part du travail gratuit. Les compagnies d’aviation ont transféré sur leurs futurs pilotes le coût de leur formation. Le forfait jour créé par la loi Aubry 2 permet aux cadres de travailler jusqu’à 78 heures par semaine, sans paiement de leurs heures supplémentaires. La mise en situation professionnelle que proposent l’apprentissage, les contrats professionnel, les stages ou le service civique constituent une formidable aubaine pour fournir de la main d’oeuvre à bon marché : 2.100.000 emplois rémunérés entre 35 et 80 % du SMIC. L’externalisation de nombreuses fonctions qui étaient jusque là intégrées aux entreprises a permis de faire notablement baisser les coûts. Mis en concurrence lors d’appels d’offre, les services proposant le ménage, le gardiennage, la restauration, la gestion du courrier, la conciergerie etc… baissent leur prix pour emporter le marché, exigeant de leurs salariés d’en faire toujours plus, pour moins de rémunération. La délocalisation à l’étranger de plateformes d’appel téléphonique permet là aussi de réduire notablement les salaires. Et puis, il y a cette invention géniale : demander au client d’effectuer le travail réalisé jusque là par des salariés : conseil en ligne, impression des billets chez soi, caisses automatiques... Décidément, l’optimisation salariale vient concurrencer l’optimisation fiscale.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1252 ■ 28/05/2019