Le cauchemar qui n’en finit pas. Comment le néo libéralisme défait la démocratie
DARDOT Pierre, LAVAL Christian, Ed. La Découverte, 2016, 248 p.
La crise de 2008 n’a fait que radicaliser le néo-libéralisme, constatent les auteurs. La politique économique qu’il impose un peu partout dans le monde, veut faire payer aux salariés et aux retraités le sauvetage du système financier et le remboursement d’une dette qu’ils n’ont jamais contractée. L’Union européenne a mobilisé 4.500 milliards d’euros, soit 37 % du PIB pour éviter l’écroulement des banques. Résultat de l’opération : d’un côté l’accroissement des inégalités, les plus modestes étant sollicités les premiers pour accepter des sacrifices, de l’autre la volatilité accrue du capital à la recherche des placements les plus rémunérateurs y compris dans les paradis fiscaux où s’accumulent 20 à 30.000 milliards de $. L’horizon du néo-libéralisme se résume, au nom de la compétitivité, à la réduction maximale des charges et des impôts pour les entreprises et au report du fardeau fiscal sur les ménages pauvres et moyens. Il a promu une mondialisation qui a exclu les normes sociales et environnementales, a laissé se développer une économie de l’ombre faite de sociétés écran, de comptes off shore et d’opacité des flux financiers. Si la social-démocratie française a joué un rôle décisif dans la libéralisation de l’économie (fétichisme de la monnaie stable, flexibilité du marché du travail, réduction des impôts et des dépenses sociales …), l’Union européenne n’a eu de cesse que de privilégier la concurrence libre et non faussée, privant les États membres de toute possibilité de s’opposer à l’un de ses actes. Quant à la politique menée par la Troïka en Grèce, elle est le laboratoire du modèle de gouvernement autoritaire dans le cas où un pays refuserait de substituer le droit des créanciers à ceux des populations.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1213 ■ 21/09/2017