Probation, insertion. Les deux axes d’une politique ambitieuse de prévention de la récidive

DANIEL Christian, Ed. L’Harmattan, 2017, 235 p.

Serait-ce là le testament de ce véritable dinosaure de l’administration pénitentiaire, que fut Christian Daniel, entré comme éducateur en 1978 et devenu directeur départemental du service pénitentiaire d’insertion et de probation en 1999 ? Aujourd’hui en retraite, on pourrait penser que sa parole se libère. Pourtant, il ne fait ici que reprendre ce qu’il a toujours défendu : privilégier et amplifier les mesures d’aménagement de peines trop peu utilisées (semi-liberté, placement extérieur, liberté conditionnelle, surveillance électronique, TIG,  contrainte pénale…), élaborer des passerelles pour préparer les sorties, agir sur les facteurs ayant un impact sur les risques de récidive (maintien du lien familial, recherche de travail et de lieu de vie, regard sur soi permettant une reconstruction pas à pas). Malheureusement, notre pays a une vision de la peine enfermée dans l’affliction et la loi du Talion. L’administration pénitentiaire réduit trop sa fonction à l’enfermement et aux contraintes sécuritaires qui absorbent 95 % de son budget. C’est pourquoi l’une des 66 propositions que formule l’auteur, tout au long de son livre, consiste à créer une Direction autonome dédiée à la probation. Au moment où il termine son livre, l’annonce de la construction de 16.000 places supplémentaires le sidère. Alors que les personnes incarcérées s’avèrent de plus en plus éloignées du monde du travail, qu’elles sont de plus en plus dans l’addiction et atteintes plus souvent de troubles psychiatriques, la priorité donnée à la répression ne fait que précariser encore plus les plus fragiles. La peine n’a de sens que si, parallèlement à la prise en compte des droits de la victime et de la société, elle favorise la réinsertion sociale du condamné.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1247 ■ 19/03/2019