Dans une prison de femmes
ROME Isabelle, Ed. Enrick B. 2018, 168 p.
Avec moins de 4 % du total des détenus en France, les femmes ne font guère parler d’elles, les agressions et violences étant plutôt exceptionnelles dans leurs quartiers. Raison de plus pour donner un coup de projecteur sur leurs conditions de détention. C’est ce que nous propose Isabelle Rome, Présidente de Cour d’assises après avoir été, à 23 ans, la plus jeune juge d’application des peines. Elle s’est immergée pendant une année au coeur de la maison d’arrêt de Versailles, pour aller à la rencontre des détenues, sans rien n’avoir à décider les concernant. Le bâtiment, construit en 1750 et transformé en prison pour femmes en 1823 est vétuste, le matériel vieillissant, les installations obsolètes. Beaucoup de ces femmes mettent tout en oeuvre pour préserver leur dignité, en soignant leur apparence : maquillage, soin des ongles, entretien des cheveux. Mais nombre de désordres surgissent malgré tout : infections aiguës, détérioration de la dentition, épaississement ou inflammation de la peau, prise de poids, difficultés gynécologiques. Leur estime de soi se dégrade encore plus avec cette perte d’autonomie liée au sentiment de ne plus rien maîtriser. Quant aux relations familiales favorisées ailleurs par des unités de vie qui leur sont dédiées, elles ne sont possibles que dans l’un des huit box de visite. Il faudra encore bien des efforts avant de réussir à traiter dignement les détenus femmes et hommes.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1247 ■ 19/03/2019