DESCLOS David, Éd. Flammarion, 2019, 271 p.

Qui sont ces délinquants qu’affronte quotidiennement la police ? Leurs profils sont divers, depuis les plus immoraux et pervers jusqu’aux révoltés et insoumis, en passant par les paumés et malchanceux. Mais, des comiques, il n’y en a guère, surtout au point de monter sur scène. C’est pourtant à cette dernière catégorie qu’appartient David Desclos qui a fait de son parcours de petit voyou ayant trempé dans le grand banditisme un spectacle, puis un livre. Sa vie commence dans la misère la plus noire, avec un père partant au travail à 5h30 et rentrant à 23h00 ivre mort et une mère courage tentant de faire survivre sa famille, après avoir payé les factures. En grandissant, il faut choisir : devenir bon élève ou bon voleur. Malgré toute l’énergie dépensée par les enseignants, bien des mômes cochent la mauvaise case. Comment être tenté par le destin de ces hommes, rencontrés lors de leurs stages, fatigués et cassés, jamais payés à la hauteur de leurs efforts ? C’est très tôt que le petit David fait l’apprentissage du vol à l’étalage ou la filouterie. Il va devenir expert en la matière, réussissant à piller les magasins à la barbe de leur propriétaire, de jour comme de nuit. Il devient un adolescent et un adulte inconscients se shootant à la toute-puissance. La tour où il réside se transforme en cour des miracles où l’on trouve de tout à pas cher : shit, fringues, baskets, parfums, tabac, alcool.  Seules règles : ni d’arme, ni violence. Il finit par tomber. Qu’à cela ne tienne : il organise bizness et trafic au cœur même des prisons où il est enfermé. L’humour et le détachement de l’auteur n’ont pas pour ambition de tourner en dérision la loi, ni sa transgression. Aujourd’hui, il s’est rangé et veut faire passer le message : il n’est pas un héros et le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1283 ■ 10/11/2020