Conversations entre adultes
VAROUFLAKIS Yanis, Ed. Les liens qui libèrent, 2017, 526 p.
Que penser de ce livre qui se dévore comme un thriller, habilement scénarisé et entretenant jusqu’au bout le suspense jusqu’à une fin connue d’avance ? On ne peut que recevoir avec quelque méfiance les leçons d’économie de l’auteur. Les économistes, affirmait Bernard Maris l’un d’entre eux, sont ces gens qui toute leur vie expliquent magnifiquement le lendemain pourquoi ils se sont trompés la veille. Et Yanis Vanouflakis ne fait pas exception en la matière, quand il assène sans le moindre doute ce qu’il fallait faire pour sauver la Grèce. Non, ce qui est le plus intéressant et affligeant dans ces pages c’est la description hallucinante de la morgue et de l’arrogance de cette technocratie qui, à la tête de l’Union européenne, va réussir à mettre à genoux une nation, la contraignant à sacrifier les plus fragiles pour rembourser des banques françaises et allemandes complices du désastre grec. On se doutait de ce qui nous est retracé ici, chronologiquement, jour après jour, réunion de crise après sommet. Les responsables politiques que l’actualité nous montre encore aujourd’hui, sous leur meilleur jour tombent le masque et montrent leur vrai visage : celui du plus pur cynisme, du mépris le plus hautain et de l’inhumanité la plus totale. Ce sont leurs choix politiques qui font haïr une instance aux ambitions pourtant généreuses et qui font la promotion des relents nationalistes nauséabonds.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1251 ■ 14/05/2019