Utopies réalistes

BREGMAN Rutger, Ed. du Seuil, 2017, 251 p.

Il nous faut de nouveaux points de repère et une nouvelle utopie qui changent l’avenir, explique Rutger Bregman. En commençant par arrêter de faire la guerre aux pauvres pour s’en prendre vraiment à la pauvreté. Les pays dotés de programmes sociaux ambitieux sont ceux qui ont réussi le plus à la faire reculer. Les pauvres sont les meilleurs experts de ce dont ils ont besoin. Les aider sans condition est la façon la plus efficace de les inciter à travailler. Cette confiance permet même d’économiser. Une étude menée en Floride démontre qu’un SDF coûte 31.000 $ par an. Dans le même temps le financement d’un appartement et d’un suivi pas un travailleur social ne représente qu’une dépense de 10.000 $. Plutôt que de mesurer le PIB, ce qu’il faut c’est un tableau de bord détaillant outre la croissance, le travail d’utilité publique, l’emploi, le savoir-faire et la cohésion sociale. Ce qui est le plus indispensable à la société n’est pas toujours ce que l’on pense. La grève déclenchée à New York en 1968 par les éboueurs finit pas faire céder le maire. Deux ans après ce sont les banques qui s’arrêtèrent : les clients finirent par créer un système financier parallèle. Le revenu universel que Richard Nixon faillit créer aux USA en 1975, l’abolition des frontières qui ferait bondir le taux de croissance mondial de 67 à 147 %, la réduction du temps de travail… autant de propositions contre intuitives que nous propose l’auteur.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1228 ■ 03/05/2018