La promesse de l'autre. Parce qu'une société désunie est une société désarmée
SANCHEZ Jean-Louis, Ed. Les Liens qui Libèrent, 2013, 153 p.
Ce que nous démontre la crise de civilisation à laquelle nous sommes confrontés depuis quelques décennies, c'est bien que le déficit de liens peut autant nuire au vivre ensemble que le déficit de biens. Les conséquences se font sentir dans l'ébranlement de nos repères, de notre identité collective et de nos perspectives. Ce qui réunit n'est plus le futur, mais le passé, le projet, mais l'appartenance à une communauté religieuse et ethnique, nous explique Jean-Louis Sanchez qui propose toute une série de pistes qui permettraient de re- dynamiser notre société. Focaliser les politiques sociales sur la prévention plutôt que sur la réparation en est une. Passer d'une solidarité caritative à une solidarité de droit, en est une autre. Reconnaître véritablement la place du bénévolat constitue, là aussi, un axe essentiel. Refonder la légitimité des gouvernants, en s'appuyant bien plus sur les pratiques de démocratie participative l'est tout autant. Mais, pour l'essentiel, c'est bien sur la relégitimation des pouvoirs locaux que l'auteur insiste. Le bilan de la décentralisation de l'action sociale est honorable sur le plan de l'équité, la dérive d'une disparité dans son application, du fait de l'inégalité des ressources des collectivités chargées de la gérer, ayant pu être évitée. Pour autant, une nouvelle articulation s'avère nécessaire entre solidarité nationale et solidarité locale. Si la définition des dispositifs et des droits sociaux doit être uniforme et leur application être garantie par l'État, leur déclinaison se doit de relever du local. Ce que l'auteur revendique, c'est le passage d'une logique de public à une logique de territoire, axée sur le renforcement des responsabilités des communes et des départements, permettant ainsi la mobilisation de toutes les personnes susceptibles d'apporter leur contribution.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1171 ■ 15/10/2015