La solidarité, ça existe… et en plus, ça rapporte
GUÉRIN Serge, Ed. Michelon, 2013, 219 p.
Alors, que rien ne peut garantir de façon absolue contre les risques, la maladie ou la perte physique, nos contemporains paniquent face au moindre imprévu, incapables de gérer les aléas. Si la conscience de notre vulnérabilité et de notre fragilité est essentielle à rétablir, il est une autre réalité tout aussi nécessaire à rappeler : notre société est travaillée en permanence par de multiples formes d'échange, de partage, de services mutuels et de réciprocité. Nous fonctionnons toutes et tous sur la base d'une écologie du souci d'autrui et d'une économie de la convivialité. Serge Guérin multiplie les illustrations de la thèse centrale de son essai. C'est le cas de ces seniors largement présents au sein des associations, des retraités occupant 32 % des postes de maire, des grands parents consacrant vingt trois millions d'heures chaque semaine à leurs petits enfants, ou encore de ces treize mille bénévoles assurant le succès de l'opération « lire et faire lire » auprès des enfants des écoles. Sans oublier cette solidarité entre générations qui se concrétise, dans les quartiers de nos villes, par des personnes âgées gardant ponctuellement des enfants, des jeunes leur faisant leurs courses. Tout cet investissement humain n'est que rarement comptabilisé, ne trouvant aucune place dans les décomptes de l'échange marchand. Pourtant, une étude réalisée en Grande Bretagne a permis de déterminer que l'aide informelle gracieuse représente 104 milliards d'euros pour une dépense publique de 98 milliards. Pour ce qui est de notre pays, l’action de ceux qu'on appelle les aidants familiaux, informels ou entourant, équivaut à 80 milliards d'euros, contre 22 milliards dépensés par l'État pour la dépendance. Et l'auteur de se projeter sur un nouveau modèle de société, à construire, qui ne serait pas fondée sur le productivisme, mais sur la coopération et les services mutuels.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1171 ■ 15/10/2015