L’horreur religieuse
MACÉ-SCARON Joseph, Éd. Plon, 2016, 198 p.
Bardés de prescriptions, cuirassés de dogmes, hérissés de certitudes, les croyants, dont on prophétisait l’irréfragable disparition ou l’interminable agonie, ne connaissent aucune limite à leurs conseils, à leurs réprimandes ni à leurs menaces. À côté de ces fidèles vivant leur foi pour eux-mêmes avec ferveur, voire dans l’exaltation, il y a ce fanatisme, ce dogmatisme et cet obscurantisme qui semblent inhérents à tout culte qui ambitionne de façonner les identités à son image et de faire plier les personnalités aux exigences de sa doctrine et de ses préjugés. La charge de Joseph Macé-Sacron est violente. Mais, est-elle vraiment imméritée ? « Ce n’est pas le croyant, mais la croyance qui m’effraie, ce n’est pas le religieux, la religion qui m’indispose » assène l’auteur (p. 7), reconnaissant à chacun la liberté de croyance, du moment qu’il ne cherche pas à l’imposer aux autres. Égrenant au fil des pages les innombrables exemples de ces religions au nom desquelles on détruit, on écrase et on anéantit, il en vient à défendre que les seules qui sont non-violentes sont celles qui sont mortes ou en voie d’extinction, liquidées par des concurrentes reprenant le flambeau des persécutions dont elles sont à leur tour victimes après en avoir été les auteurs. Si la religion est un droit, l’irreligion en est un tout aussi légitime : il n’est pas besoin de se trouver une croyance, pour être confronté ou à l’infini.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1253 ■ 11/06/2019