Pourquoi croit-on ?
RIPOL Thierry, Éd Sciences Humaines, 2020, (391 p.)
Comment expliquer ces croyances universelles qui prennent la forme de la pensée magique ou de la religion, de la superstition ou des rituels ? Plusieurs explications sont proposées par Thierry Ripol.
La difficulté d’accepter le mystère que traduit l’ambiguïté, l’incertitude et le hasard du monde et de lui donner du sens. La propension à établir des liens forts entre des informations pourtant parfaitement déconnectées. La tendance à percevoir des significations et des intentions dans des phénomènes purement aléatoires ou mécaniques. La facilité avec laquelle des relations de cause à effet sont établies entre des éléments similaires, mais disjoints que pourtant rien ne relie entre eux. L’interprétation des coïncidences et des similarités, des associations contingentes et des synchronies temporelles comme autant de signes, de symboles et de messages d’une raison qui nous dépasse. L’antidote anxiolytique face au stress provoqué par des évènements intempestifs, violents et injustes. La régulation des relations agressives au sein des groupes. La tentative de compréhension des forces qui maîtrisent la vie. Le dualisme qui, en distinguant corps et âme, attribue aux objets des pouvoirs mentaux et à l’esprit des pouvoirs magiques.
Á la base de toutes ces réactions, il y a le double fonctionnement du cerveau. Le système 1 s’appuie sur nos expériences passées pour fournir une pensée intuitive, émotive et automatique. Le système 2 est analytique et permet une prise de distance et une évaluation rationnelle et probabiliste de ce qui est perçu. Le déploiement de l’esprit critique et du scepticisme susceptibles d’(in)valider les idées formulées est conditionné au contrôle de l’intuitif par l’analytique. Ce qui ne peut s’obtenir qu’en développant l’éducation, la capacité de réflexion et la démarche scientifique.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1286 ■ 05/01/2021