Merci maîtresse !
F. Anouk, Éd. Cherche Midi, 2019, 254 p.
Quand une journaliste de Radio France démissionne pour enfin se trouver face à son public et se mettre à son service, cela donne un journal de bord rempli d’émotion et de tendresse. Juste après avoir passé avec succès le concours de professeur des écoles, l’auteure se retrouve en poste dans une école de regroupement pour enfants étrangers. Sa classe de CE2, elle en parle avec une bienveillance infinie. Et cela fait du bien de lire un récit qui, pour une fois, ne se réduit pas à d’incessantes jérémiades sur la perte des valeurs d’autorité d’une école en faillite symbole de la fin de notre civilisation. Bien sûr, il y a Erkan dessinant des bites sur les pages de garde de son cahier. Effectivement, il y a aussi Martim qui ne veut pas être là et refuse d’apprendre quoi que ce soit. On ne va pas nier que la maman de Carla l’accompagne en poussant la poussette du petit dernier. A moins que ce soit cette dernière qui l’aide à tenir debout. La petite fille ne sera pas longtemps présente. Elle changera d’école après le placement qui suivra l’incarcération de sa mère. Timéo, quant à lui, porte des traces de griffure qui ne proviennent pas de son chat, comme il le prétend. La mère de Clémence se fait agressée devant l’école par son compagnon complètement alcoolisé. Voilà un tableau des plus chatoyant ! Mais il est dépeint avec tant altruisme et d’humanité qu’on aurait bien aimé que nos enfants aient une telle maîtresse.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1301 ■ 21/09/2021