L’école n’est pas faite pour les pauvres

DELAHAYE Jean-Paul, Éd. Le bord de l’eau, 2022, 150 p.

Notre système éducatif est sans nul doute le meilleur au monde. Mais pour seulement la moitié des élèves : ceux issus des classes sociales les plus aisées. Certes, il y a 80 % de réussite au BAC. Mais, si 90% des enfants de cadres le décrochent, c’est le cas de seulement 40% dans le milieu ouvrier. Effectivement, le nombre de sorties sèches sans diplômes a baissé de 140 000 à 90 000 depuis 2010. Mais les décrocheurs sont 5% chez les premiers et 45 % chez les seconds. Si la massification de l’école est l’œuvre de la droite gaullienne et giscardienne, les vingt années de pouvoir de la gauche n’ont pas complété cette démocratisation quantitative par un rétablissement de l’égalité des droits. Face à ces constats implacables, l’auteur formule des propositions concrètes. Rééquilibrer les budgets : notre pays dépense 10% de budget en moins pour l’école primaire que ses voisins et 30% de plus pour ses lycées. Et il consacre quarante-cinq fois plus dans le dispositif d’accompagnement après les cours des classes préparatoires que pour l’éducation prioritaire. Le changement passe donc par donner plus à ce qui en moins et non pas le contraire. Autre urgence, revaloriser les revenus des enseignants qui sont les moins payés de toute l’OCDE : un professeur des écoles percevait en 1982 2,3 fois le SMIC…, et 1,2, en 2021 ! Si, dans les comparaisons internationales, ils sont parmi les plus diplômés, ils sont aussi ceux qui reçoivent le moins de formation en pédagogie. Quant au séparatisme social et scolaire qui relèguent les élèves les plus en difficulté relégués dans des ghettos et les plus doués dans des établissements d’élite, il s’oppose à une mixité qui aide les plus faibles sans mettre à mal les plus aisés. Le choix est clair : compétition et élitisme ou solidarité et coopération.

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1327 ■ 15/11/2022