Contre l’école injuste !
CHAMPY Philippe et GAUTHIER Roger-François, Éd. ESF, 2022, 94 p.
Comment expliquer le déni collectif face aux fractures de l’école que les réformes des vingt dernières années n’ont fait qu’accroître ? Les auteurs mettent en accusation l’imaginaire collectif dominant construit autour de toute une série de mythes. Que ce soit la soi-disant « méritocratie républicaine », les prétendues bonnes procédures d’orientation, la supposée égalité des chances, l’affirmation des savoirs incontestables dispensés … ces truismes servent avant tout à camoufler une substitution : le rôle de diffusion des connaissances cède le pas à la fonction de sélection et de classement destinés à la reproduction des élites. Que faudrait-il pour redonner à l’école la dimension démocratique qu’elle prétend avoir ? D’abord, définir ses finalités : acquérir des savoirs appris par cœur et des connaissance érudites, privilégier des contenus abstraits en méprisant ceux qui sont plus concrets comme aujourd’hui ou s’équiper pour comprendre le monde et y faire face, apprendre à se battre contre autrui ou s’éveiller à des valeurs collectives. Ensuite, des programmes qui ne seraient pas les otages du jeu politicien de chaque ministre de passage. Encore, la transversalité et la cohérence de la transmission : une dizaine de disciplines autocentrées, cloisonnées et verrouillées en chasse gardée comme actuellement ou une interdisciplinarité donnant accès à un savoir cohérent et faisant sens.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1327 ■ 15/11/2022