Une écoute pour professionnels
Nouveau et intéressant : une écoute pour professionnels
Au départ est une terre d’innovation. Plus que toute autre ville, Angers a été à la pointe de l’action contre la maltraitance. Co-fondateur de l’AFIREM dont il est devenu le Président en 1991, Francis MAHE en anime la délégation départementale depuis sa création en 1980. Chaque année, une journée d’information convie les professionnels à la réflexion (celle de 1998 en a attiré 800). L’AFIREM y tient son 1er congrès national en avril 1986. Deux ans plus tard, en février 1988 s’ouvre “ Ecoute Parents enfants- 49 ” structure d’accueil téléphonique basée sur l’anonymat, le professionnalisme des écoutants et la collaboration multipartenariale (Association pour la Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence, DISS et CAF mettent à disposition du personnel). La pérennité de l’action se devait de trouver une réponse institutionnelle. D’autant plus que la loi de 1989 est venue l’année suivante officialiser la compétence du Président du Conseil Général dans la mobilisation contre la maltraitance. C’est ainsi qu’est née l’idée de la création d’un Groupe d’Intérêt Général * (GIP). Une telle entité diffère d’une association loi 1901 en ce que la première regroupe des personnes morales là où la seconde réunit des personnes physiques. Il s’agit donc bien de proposer un cadre aux différentes institutions afin que leur collaboration donne tout son sens à leurs efforts réciproques. Ainsi, Conseil général, Education Nationale, Enseignement Diocésain, A.S.E.A., CAF, MSA, Procureur, UNAF, Procureur, Ordre des médecins et celui des avocats, ainsi que les maires des principales villes du département signent en 1993 la convention de création de ce GIP. Le Conseil Général contribue à son financement à plus de 65%. Son Conseil d’Administration est présidé de droit par le Président du Conseil Général et co-présidé par le Président de l’A.S.E.A., le secrétariat général revenant au Directeur de la DISS et la Trésorerie à la CAF.Si l’action d’“ Ecoute Parents enfants- 49 ” se trouve confirmée, une deuxième mission est confiée au GIP : celle d’informer et de sensibiliser tous les intervenants confrontés à la maltraitance. Ainsi au cours de l’exercice 1997, 61 conférences ont été données dans tous les milieux. L’outil tourne bien, mais ne peut répondre à la demande qui afflue. Une troisième mission a émergé du comité technique de 20 membres qui a été constitué très vite et qui regroupe un représentant de chacune des activités professionnelles concourant à la protection de l’enfance : la mise en place d’une consultation anonyme ouverte à toute personne susceptible d’être confrontée de par ses fonctions au problème des mauvais traitements à enfant. Les réactions des professionnels sont connues et mieux analysés depuis quelques années : tétanisation, déni, identification au parent maltraitant ou au contraire à l’enfant maltraité. Tous ces comportements sont largement imprégnés d’intenses réactions émotionnelles. Les institutions qui ont élaboré des lieux de parole peuvent répondre à ces angoisses. Mais ce n’est pas encore le cas général. C’est dans la solitude le plus souvent que les enseignants, les médecins, les travailleuses familiales mais aussi certains travailleurs sociaux sont confrontés à l’impérieuse obligation faite par la loi d’avoir à signaler. Et ce, dans une logique largement dominée par le manque de formation et de définition précise face à cette question douloureuse entre toutes. Il y a là un vrai besoin. Pendant 1 an ½, le projet a mûri et a été réfléchi avant d’être soumis au Conseil d’Administration du G.I.P. qui l’a approuvé à l’unanimité le 19 novembre 1996.
Quelles sont les caractéristiques de ce dispositif ?
Il laisse entières les compétences et les responsabilités des organismes et institutions mandatés pour le suivi des familles, pour l’évaluation, le signalement et la prise-en-charge. Il se situe en outre, en complémentarité de toute autre intervention qui est du ressort des structures existantes. Ces points sont essentiels : en aucun cas il ne peut se placer dans une quelconque substitution ou concurrence. Autre facteur fondamental, il ne s’agit pas non plus d’une supervision puisque son action est avant tout ponctuelle et temporaire. Il offre une analyse et une aide à la réflexion, un éclairage sur le contexte de la protection administrative et judiciaire de l’enfant et un inventaire des possibilités pratiques existantes pour les professionnels face au problème soulevé. Afin de préserver le caractère consultatif de la démarche et la responsabilité des intervenants, la présentation des situations évoquées nécessite l’anonymat des personnes et des familles concernées. Passé le premier contact avec l’écoutant, il peut s’avérer nécessaire de prolonger l’aide à la décision en passant un relais à un professionnel compétent. Un réseau de personnes-ressources s’est ainsi constitué : assistante sociale ou éducateur pour le versant socio-éducatif, avocats et juges pour l’aspect juridique, médecin et pédiatre pour le domaine médical, psychologues et psychiatres pour la problématique psychologique. Ce sont vers ces professionnels, que les appelants sont orientés s’il apparaît nécessaire d’approfondir un aspect ou un autre.Ouvert en septembre 1997, cette consultation professionnelle anonyme ne peut encore dresser un bilan de son action. La permanence proposée chaque mercredi après-midi est prévue de s’étendre à 2 ou 3 demi-journées par semaine. Un mi-temps supplémentaire est en cours de recrutement pour y faire face. Démarrage en douceur donc pour ce qui apparaît comme une expérience tout à fait innovante et intéressante. De par son cheminement d’abord qui est le produit de la collaboration d’institutions et associations traditionnellement lourdes à mettre en branle sur des projets sortant de leur routine. De par sa réponse ensuite à un authentique besoin, en espérant que cette initiative puisse faire des émules.
- Groupe d’Intérêt Public pour la prévention de violence à enfants : 18 rue d’Osnabrück 49100 ANGERS Téléphone : 02 41 34 70 00
- Ecoute Parents-Enfants 49 : 02 41 43 44 44
- Consultation professionnelle anonyme : 02 41 37 51 20
“ ATTENTION FRAGILE ! ”
Au début des années 80, l’AFIREM avait reproduit en l’adaptant une petite brochure réalisée en Belgique par l’Office de l’Enfance et de la Naissance. Elle vient de la rééditer en la colorisant. Titre du document : “ Attention, fragile ! ”.
Fragile l’enfant l’est dans sa maturation progressive qui en grandissant adopte des comportements qui peuvent mettre en difficulté ses parents. Fragiles, le père et la mère le sont, car non-préparés à leur tâche d’éducateur et qui peuvent s’énerver ou s’épuiser face à leur enfant.
Rédigée d’une façon simple et illustrée avec humour et tendresse, cette brochure est de celle à mettre en toutes les mains. Sa diffusion mérite d’être massive. On peut se la procurer au prix d’1 Franc l’exemplaire (2 Francs à partir du 15 juin). S’adresser à A.F.I.R.E.M. Hôpital des Enfants Malades 149, rue de Sèvres 75730 PARIS cedex 15 Téléphone : 01-44-49-47-24.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°440 ■ 30/04/1998