Consultation professionnelle anonyme - 49

S.O.S. Professionnels en difficulté

La confrontation aux situations de maltraitance est toujours une épreuve difficile.

Que faire quand médecin, professeur, travailleuse familiale, travailleur social …on est confronté à la nécessité d’un signalement et qu’on hésite, qu’on se pose des questions, qu’on a peur d’agir et encore plus de ne rien faire ? Pour celles et ceux qui travaillent en institution, il y a parfois des groupes de parole ouverts aux angoisses et inquiétudes. Cela existe, mais c’est loin encore d’être systématique. Et puis, il est parfois nécessaire d’avoir des réponses en dehors de sa hiérarchie. Quand on est en libéral, la solitude s’impose d’une manière radicale. Un besoin existe donc quant à une aide à la décision. Jusqu’à présent, beaucoup de services d’écoute existent en direction des jeunes et des familles. Il manquait une offre en direction des professionnels. Le département de Maine et Loire vient de combler ce vide en proposant depuis septembre 1997 une Consultation Professionnelle Anonyme.

Cette initiative est intéressante à plus d’un titre.

 Il y a d’abord un service qui répond à une vraie nécessité et ce dans une logique non de substitution à ce qui existe déjà mais bien de complémentarité. Chacun garde ses compétences originelles. Le relais offert n’est que ponctuel et temporaire. Il y a juste la possibilité de poursuivre au-delà du premier appel par une rencontre avec des professionnels compétents : assistante sociale ou éducateur si le problème est d’ordre socio-éducatif, avocats et juges s’il est juridique, médecin et pédiatre si la question est médicale, psychologues et psychiatres si elle est psychologique. Mais là, il s’agit bien encore d’une aide à l’analyse et à la réflexion, d’un éclairage sur le contexte de la protection administrative et judiciaire de l’enfance et d’un inventaire des possibilités pratiques existantes pour résoudre la difficulté. En aucun cas, il ne peut s’agir d’une supervision. Dernier principe essentiel au fonctionnement de ce service : l’anonymat qui est exigé et garanti. Exigé concernant les personnes qui appellent à qui on demande de ne pas donner d’éléments identifiants sur les situations qu’elles abordent. Garanti en ce que ce qu’il révèle ne sera en aucun cas divulgué.

Mais, ce dispositif est aussi intéressant au regard de sa genèse. C’est bien là le résultat de la collaboration de plusieurs institutions qui ont constitué un Groupe d’Intérêt Collectif* en 1993. Un  G.I.P. est une instance qui regroupe des personnes morales. Là, ce sont le Conseil Général, la CAF, la MSA, l’Education Nationale et l’Enseignement Catholique, les principales municipalités du département, l’UDAF, l’Association de Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence, le procureur, l’Ordre des Avocats et celui des Médecins qui se sont engagés dès le début. Ils ont fixé à ce G.I.P. 3 missions. Tout d’abord, la pérennisation du service “ Ecoute Parents Enfants-49 ” qui fonctionne depuis 1988 avec un personnel mis à disposition.

Ensuite, la sensibilisation des personnels et publics confrontés à la maltraitance. Enfin, la “ Consultation Professionnelle Anonyme ”. Depuis son ouverture au mois de septembre 1997, la permanence d’écoute est ouverte le mercredi après-midi. Il est prévu de l’étendre à 2 ou 3 demi-journées par semaine. Un mi-temps supplémentaire est en cours de recrutement pour y faire face. Mais, celles et ceux qui l’utilisent ne se sont pas trompés d’adresse. “ Ce n’est pas pour un enfant que j’appelle, c’est pour moi, je me sens en difficulté ” confie l’un. “ Impossible de porter toute seule la charge de témoigner contre le directeur de mon école ” explique l’autre. “ Et si je m’étais trompé ?” s’inquiète un troisième. Chacun pourra être entendu dans ses émotions, ses angoisses, ses doutes. Ensuite il (elle) restera libre de l’utilisation des éléments fournis.

Un tel dispositif ne peut qu’être investi et apprécié par celles et ceux qui vivent douloureusement la confrontation à la maltraitance sans pouvoir trouver l’oreille neutre, professionnelle et anonyme qui pourra les écouter.

 

* Groupe d’Intérêt Public pour le prévention de violence à enfants : 18 rue d’Osnabrück 49100 ANGERS Téléphone : 02 41 34 70 00

 

Écoute parents-enfants 49 : 02 41 43 44 44

Consultation professionnelle anonyme : 02 41 37 5120

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°440 ■ 30/04/1998