La souffrance d’une victime

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Il est des témoignages que l’on doit accueillir avec humilité et respect. Celui de Bruno Questel en fait partie. D’une voix hésitante, le visage ravagé par la souffrance, son émotion risquant à tout moment de le submerger, il se refuse à détailler ce qu’il a subi à 11 ans de la part d’un ami de ses parents.

Il a voulu à 40 ans de distance parler « pour toutes celles et tous ceux qui subissent ». S'il a décidé de s'exprimer, ce n'est pas au nom de toutes les victimes, mais pour tenter de faire comprendre ce qui est indicible : « je veux simplement dire que le silence n’est plus possible. » Invité à détailler ce qui s’est passé, il s’y refuse : « c’est compliqué de vous expliquer les choses. » Il peut juste reconnaître : « ce qui est terrible, le ressenti physique vous ne l’oubliez jamais (…) Ce moment précis ne vous quitte jamais (…) Vous oubliez, et puis un jour ça ressort (...) On est parfois seul parfois face à une image, un mot qui vous ramènent à cet instant précis et cela on ne peut le contrôler. » L’omerta s’est imposée, reconnait-il : « j’ai parlé à mes parents à mon retour … je ne veux pas en parler ».

La justice n’a pas été saisie. Mais, Bruno Questel s’interroge : « est-ce qu’un procès aurait changé quelque chose ? » Il parle en connaissance de cause, ayant fait le choix de devenir avocat « peut-être pour réparer ». Et de poursuivre : « ces multiples interrogatoires, ces confrontations ne sont-ils pas des moments où il faut revivre tout cela et affronter le regard de l’autre ? » Il ne le sait pas, mais craint néanmoins un « moment de tension tout aussi destructeur. »

Aujourd’hui, il dit ressentir de la gêne : « je voulais être dans un terrier. Je ne veux pas qu’on me regarde pour ce que j’ai dit. Je ne veux pas qu’on change l’idée qu’on a de moi. Je ne veux pas qu’on m’en parle ».

La puissance, la dignité et la sensibilité de ce document justifient qu’on en prenne connaissance avec attention, empathie et considération. La décence veut qu’aucun commentaire ne soit rajouté ici.

 

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